Un petit message laissé suite à l’article du Monde à propos de la disparition de Graeme Allwright.
« Et sortant de son portefeuille
Un vieil horaire de train, il dit:
Je t’avais prévenue je suis étranger ».
Te voilà parti, une fois de plus, rejoindre Leonard et ceux qui, comme lui, comme toi, n’étaient ici que des étrangers de passage. Merci d’avoir éveillé en nous cette nostalgie d’un ailleurs où tu nous précèdes. « Je ne veux plus voyager », disais-tu. Peut-être alors es-tu enfin arrivé ? Ou bien cet ailleurs a-t-il la forme de l’infini voyage dans lequel nous avons eu tant de plaisir à te suivre un moment. Qui sait ? À te revoir au détour du chemin. Merci pour tout.
Car je ne pouvais pas laisser partir Graeme Allwright sans un mot de reconnaissance.
Je ne crains pas de dire combien son influence sur toute ma vie a été plus déterminante que celle de bien des « intellectuels » à la mode « des bistrots du vieux Paris ».
Étranger de passage comme Leonard Cohen son alter ego, chercheur d’infini, un de ces « assoiffés d’azur » dont nous parle Jean Richepin, Graeme n’avait pas pour autant délaissé nos préoccupations terrestres. C’est bien plutôt cette soif d’un ailleurs qui lui faisait porter sur notre monde et notre présent un regard autre, où l’ambition, la cupidité et la médiocrité n’avaient pas de place.
J’avais eu le bonheur de le rencontrer sur le Larzac et lors de la campagne présidentielle de René Dumont, qu’il accompagnait.
On connaît son engagement de précurseur en faveur de la désescalade, et je ne peux oublier, parmi bien d’autres textes magnifiques, la Ligne Holworth, qui dénonce avec tellement de vigueur les fondements crapuleux de nombre des grandes fortunes qui gouvernent nos économies.
Encore un grand merci Graeme pour ton courage, la clarté de ton regard, et la droiture de ta vie.
En guise d’écho à votre adieu :
Merci Claustaire pour ce lien, qui complète avec pertinence le portrait d’un grand humaniste.