À propos d’une énième confirmation de l’idéologie du Front National, et sur la question beaucoup plus grave qu’elle pose. Et sur quelques difficultés récurrentes qu’éprouvent encore certains catholiques à distinguer christianisme et idéologie cléricale. Brèves.

Encore un beau numéro « d’Envoyé Spécial », ce 16 mars. Merci à Elise Lucet et son équipe.

http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/envoye-special-du-jeudi-16-mars-2017_2089187.html

En dépit du caractère remarquable des premier et troisième reportages, mes remarques rapides ne porteront que sur le deuxième.

En fait, il ne présente rien de vraiment nouveau pour celles et ceux qui se tiennent un minimum au courant du fonctionnement et de l’idéologie du FN.

En quelques minutes de recherche sur internet, on peut en effet trouver sur le sujet bien des attestations de malversations financières et des photos, en compagnie de quelques sommités du parti, de membres du Gud ou autres tendances similaires connus pour leur affection à l’égard des insignes nazis ou des saluts hitlériens.

Mieux vaut ne pas citer de noms, tous ces gens-là ayant, on le sait, le procès en diffamation facile.

Mais une chose est de trouver, une autre bien sûr est de vouloir chercher et d’accepter de se laisser convaincre…

L’apport essentiel du reportage, c’est que de telles « révélations » viennent grâce à lui « de l’intérieur », et il faut saluer le courage d’Aymeric Chauprade en particulier, qui nous fait comprendre, si besoin était encore, combien la stratégie dite de « dédiabolisation » est en fait une supercherie.

Tout comme la xénophobie et l’islamophobie (- c’est vrai qu’il ne faut pas avoir peur de l’assumer, j’oubliais…-), l’antisémitisme est inscrit dans les gènes et dans l’histoire de ce parti, il y prospère au plus haut niveau, et se manifesterait sans aucun doute en cas d’accession au pouvoir.

Une question aigüe se pose dès lors : les doutes étant difficilement justifiables du moment que de telles composantes sont dévoilées par des personnes ayant occupé des fonctions importantes dans le parti, de telles « révélations » vont-elles alors avoir une quelconque influence sur les intentions de vote ?

Je souhaite bien sûr me tromper, mais pour ma part, j’ai bien peur que non.

Car pour certains électeurs on le sait, ce ne sont ni les arguments rationnels, ni les démonstrations, ni les preuves qui comptent. Ni d’ailleurs en premier lieu les promesses tellement caricaturales de raser gratis demain.

Car il y a bien autre chose en jeu, de plus obscur et de beaucoup plus grave et considérable, dont l’analyse me semble encore à faire pour l’essentiel.

Quelque chose qui relève, lié au ressentiment, de l’offre d’une désinhibition enfin accessible. Celle-là même qui a fonctionné, dans des termes en partie identiques, aux États Unis.

À propos de résultats électoraux : petit exercice d’application de quelques réflexions du post précédent.

De l’empire du déni. À propos de l’élection de Donald Trump.

On sait, ou on devrait savoir, qu’il ne faut pas sous-estimer ce type d’offre qui peut, comme dans un passé encore proche, parvenir au pouvoir de façon parfaitement démocratique. Il a suffi pour cela de 33,1% des suffrages.

Encore merci à Mme Lucet, à M. Chauprade et à bien d’autres fort heureusement de nous rappeler ces enjeux.

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Une interview récente du pape François semble manifester une ouverture en faveur d’une réflexion sur l’ordination possible de « viri probati », c’est-à-dire d’hommes mariés ayant fait leur preuve au sein de leurs communautés.

http://www.la-croix.com/Se-dirige-vers-lordination-dhommes-maries-2017-03-09-1200830644

Il faut sans aucun doute le féliciter de cette courageuse, quoique encore timide initiative.

Timide, car hélas, dans son état actuel du moins, elle apparaît surtout comme une solution de fortune liée aux circonstances, visant à subvenir essentiellement aux besoins « des communautés reculées par exemple »,

http://www.la-croix.com/Le-pape-Francois-envisage-reflexion-autour-lordination-hommes-maries-2017-03-09-1200830541

en conférant des responsabilités à des ministres qui risquent donc fort de ressembler à des « second choix », le « premier choix » demeurant le modèle « standard » du prêtre tel que les communautés le connaissent encore.

Il s’agirait donc plutôt d’exceptions que de règle.

Ainsi une telle mesure, en dépit de sa nécessité, risque malheureusement d’évacuer l’indispensable interrogation en profondeur sur la théologie des ministères dans l’Église catholique, et en particulier sur la grave stérilisation induite par son caractère encore et toujours clérical, caractère dont j’avais esquissé il y a trois ans une brève genèse

Des papes, de la pédophilie, de l’ordination des femmes et de quelques autres rudiments de théologie sommaire.

dans un post dont les conclusions me paraissent hélas toujours valables [en particulier en ce qui concerne les « dégâts collatéraux » (pédophilie entre autres…) entraînés par une telle cléricalisation des ministères] ; caractéristique qui persiste pour l’essentiel en dépit de la récente déclaration évoquée, suite à laquelle j’ai ajouté à ma réflexion – quelque peu humoristique, j’en conviens, mais toutefois sérieusement documentée – un bref supplément (intitulé : « Ajout du 16/03/2017 »).

Or, c’est bien ce caractère essentiellement clérical qui rend impossible toute solution réelle de problèmes qui en soi n’existent pas, sinon à être les corollaires de théologies faussées, et qui demeureront donc insolubles tant qu’une telle optique prévaudra.

Encore une fois, « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré », comme aime à le répéter Stultitia à la suite d’Einstein.

(J’ajoute que les réflexions développées dans ce post n’ont, en tant que telles, pas grand-chose d’original, ces questions étant soulevées depuis des décennies en dépit d’une fin de non-recevoir de la part des autorités institutionnelles, qui pourraient  -peut-être – légèrement évoluer suite à l’allusion du pape).

Il se trouve qu’il y a quelques jours, j’ai été favorablement impressionné par la liberté de ton d’articles parus sur le blog de D. Bougnoux, dans le journal « La Croix », au sujet de la question de la fin de vie et de l’assistance au suicide.

J’en avais pris acte en ces termes :

« (…) Pour moi qui ne suis pas un lecteur assidu de « La Croix », c’est (…) une joie de constater qu’un journal puisse avoir le courage d’échapper aux doctrines « standard » et à la langue de bois d’un certain catholicisme pour publier des articles tels que ceux de M. Bougnoux. Cela me donne envie de le lire plus régulièrement. Merci M. Bougnoux ! Merci « La Croix ! (…)».

http://media.blogs.la-croix.com/le-probleme-moral-de-leuthanasie-3/2017/02/21/

À propos de la question des « viri probati », je me suis donc risqué à récidiver, en proposant le 16 mars sur un autre blog – et non des moindres – de « La Croix » un petit commentaire ainsi que le lien à mon post de 2014. Les diverses interventions sur le blog en question, sans doute plus proche de la ligne éditoriale réelle du journal, m’ayant semblé manifester toutefois une ouverture à la libre expression proche de celle qui m’avait conquise à la lecture du blog de M. Bougnoux.

Peut-être était-ce un test ? Je ne sais. L’inconscient a de ces ruses…

Comme certains lecteurs ont pu peut-être s’en rendre compte, il se trouve que les méandres de mon histoire personnelle m’ont fait me confronter à l’histoire des religions, et plus particulièrement à la théologie du judaïsme et du christianisme.

Je pensais donc naïvement qu’en dépit de son caractère certes peu conventionnel, mon petit essai de « théologie sommaire », ainsi que ses « ajouts », pouvaient apporter quelques modestes éléments à une réflexion sur le sujet des « viri probati », enfin abordé, même si de façon quelque peu timide et ambiguë.

Mal m’en a pris, sans doute. Car mon commentaire, sans explication aucune, n’a pas eu l’heur d’être publié [mise à jour du 22/03: il vient d’être publié. cf. correctif ci-dessous].

Je n’en suis pas spécialement choqué. Bien sûr, chacun a la liberté d’accepter et de refuser à sa discrétion réactions et commentaires. Je le comprends parfaitement.

Pour ma part, je m’efforce cependant sur mon propre blog de tous les publier, sauf ceux – il y en a -qui relèvent clairement de l’insulte ou de la diffamation. Parmi les commentaires ne se privant pas de remettre en question ce que je peux écrire, certains suscitent d’ailleurs parfois de belles et fécondes discussions.

Mais le blog mentionné semble avoir une politique particulière. Car certains commentaires critiques y sont bien publiés. Mais ces critiques y sont en général rapides et théologiquement peu argumentées. Ne s’agirait-il pas alors plutôt d’alibis, d’ornements placés dans la vitrine dans le but de manifester qu’on accueille, bien sûr, la diversité des opinions (il faut bien vivre avec son temps !), mais dans des limites qui font que cela ne prête pas vraiment à conséquence ?

J’avoue que j’ai un doute.

Car un tel accueil semble donc montrer son vrai visage dès lors qu’un commentaire met plus fondamentalement en question la « doctrine standard » et risque de déstabiliser un peu plus profondément la structure de l’édifice.

Peut-être est-ce alors la tonalité quelque peu irrévérencieuse de mon post qui me vaut cet ostracisme ?

Et moi qui venais justement manifester mon soutien (conditionnel certes…) à l’initiative du pape, en délaissant pour une fois l’ironie à laquelle me convie habituellement Stultitia lorsqu’il s’agit d’affaires ecclésiastiques !

Comme quoi, les paroles d’Érasme, maître de Stultitia, restent encore une fois au cœur de l’actualité :

Quo magis admiror his temporibus aurium delicias que nihil iam fere nisi solennes titulos ferre possunt. Porro nonnullos adeo prepostere religiosos videas, ut vel gravissima in Christum convicia ferant citius quam pontificem aut principem levissimo ioco aspergi, presertim si quid πρὸς τὰ ἄλφιτα id est ad questum, attinet.

J’admire vraiment la délicatesse des oreilles de nos contemporains, qui ne supportent plus guère que les titres flatteurs. Il en est, je le sais, qui comprennent la religion tellement à rebours, qu’ils se montrent moins choqués des plus horribles blasphèmes contre le Christ que de la moindre plaisanterie sur un pape ou un prince ; surtout si leur pain quotidien est en jeu. (Éloge de la folie, Préface).

Sans doute me suis-je donc un peu enflammé sur la capacité de « La Croix » à échapper aux « doctrines standard » et à la « langue de bois ». Erreur de jeunesse sans doute…

Qui tempère d’autant mon « envie de lire plus régulièrement » ce quotidien plutôt que de consacrer du temps aux enseignements incomparables de Stultitia.

Et qui permet par ailleurs de comprendre, du moins en partie, ce qui fait que certains courants de pensée, malgré leur richesse, ne jouissent plus de l’audience à laquelle ils pourraient pourtant légitimement prétendre.

Ajout du 22/03 et correctif:

Je m’aperçois ce matin que le petit billet dont il est question dans le post ci-dessus vient d’être publié sur le blog d’Isabelle de Gaulmyn.

http://religion-gaulmyn.blogs.la-croix.com/mariage-des-pretres-beaucoup-de-bruit-pour-rien/2013/09/13/

Tout vient à point à qui sait attendre !

Je remets donc mes flèches dans le carquois (peut-être mes doutes étaient ils exagérés) et réitère mes remerciements et mes  félicitations à « La Croix ».

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