Non, cela ne relève pas des fake news :
On peut bien sûr se demander quelle est l’utilité de ce type de recherche, mais on peut aussi penser que ce genre de réalisation est loin d’être négligeable.
Car tout comme l’utérus artificiel, la greffe d’utérus, la GPA ou l’IAD pour toutes, la reproduction de deux mammifères de même sexe apparaîtra désormais comme un possible qui un jour s’appliquera aux être humains.
Dans la course insensée au transhumanisme, il ne s’agit que d’une question de temps.
Question de temps qui est aussi au cœur de l’activité du CCNE [Comité Consultatif National d’Éthique], car, comme le dit avec pertinence J.C. Guillebaud citant l’historienne Nadine Fresco, cet organisme est hélas de plus en plus comparable « à un ‘’jardin d’acclimatation’’ qui permet de familiariser les citoyens avec le nom des transgressions bioéthiques, de sorte qu’au bout du compte elles seront acceptées sans coup férir. C’est bien ce qui se passe sur la durée ».
Sa fonction essentielle étant « de tout permettre en prenant simplement soin de le faire en temps opportun », comme le souligne Olivier Rey (cf. J.C Guillebaud, article cité).
Comme je l’ai déjà mentionné,
les interventions du CCNE pour ce qui est de la PMA sont pétries d’insuffisances et d’incohérences dans l’argumentation, réduisant ce qui devrait être l’éthique à une pure et simple démagogie*, et se limitant pour l’essentiel à donner un aval à quelque « promesse de campagne » bien peu étayée pour ce qui est de la réflexion.
Car reprenons une nouvelle fois ce qui tient lieu d’arguments.
(Je me fonde sur le texte de l’Avis 129 : «Contribution du Comité consultatif national d’éthique à la révision de la loi de bioéthique 2018-2019. Cet avis a été adopté à la suite du Comité plénier du 18 septembre 2018 après onze réunions tenues entre juin et septembre 2018»).
http://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/avis_129_vf.pdf
- Passons rapidement, tellement elle est grossière, sur la confusion implicite hélas classique entre fait et droit, qui relève d’une ignorance de concepts élémentaires de la philosophie :
Les demandes sociétales d’accès à l’AMP [le CCNE utilise ce sigle plutôt que PMA] se définissent de leur côté par la possibilité d’utilisation de ces techniques à d’autres fins que celle de pallier l’infertilité pathologique chez les couples hétérosexuels. On assiste, en effet, à une augmentation des demandes de recours à l’AMP qui ne s’exprimaient pas jusqu’alors, ou très marginalement, portées à la fois par les évolutions de la société, de la loi française et des lois de certains pays étrangers, et celles de la technique. (texte cité, p.114).
Le fait des évolutions de la société, de la loi en France ou à l’étranger, tout comme les évolutions de la technique n’a en soi rien à voir avec le droit.
Ce n’est pas parce qu’on observe le fait de la toxicomanie, de l’évasion fiscale, de la montée de l’AFD en Allemagne, de l’extrême droite au Brésil ou des possibilités de clonage reproductif qu’il faut considérer que de tels faits devraient nécessairement trouver une justification au niveau de l’éthique comme à celui du droit.
Mais une distinction aussi élémentaire paraît échapper aux membres du CCNE !
« Pourquoi ne le ferions-nous pas puisque la technique le rend possible ? Puisque cela fait l’objet de « demandes sociétales », ou que les américains le font », etc.
« Pourquoi ne le ferions-nous pas puisque les souris le font ?», pourrait rajouter Stultitia.
On s’étonne ainsi de rencontrer une telle légèreté dans un texte présumé sérieux, mais qui à aucun moment ne semble éprouver le besoin de préciser cette distinction pourtant essentielle.
Hélas, ce genre d’incohérence n’est pas perçue comme telle par bien des citoyens peu informés, surtout lorsqu’elle émane d’une soi disant autorité éthique et scientifique.
- Mais un autre « argument » entraîne des conséquences bien plus graves.
Celui qui fait état d’une « revendication de liberté et d’égalité » :
Cette demande d’AMP, en l’occurrence une insémination artificielle avec donneur (IAD), pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infertilité, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques d’AMP pour répondre à un désir d’enfant (id. ibid. p.120).
Car il s’agit bien là de l’argument essentiel, celui dont la portée est la plus conséquente sur un public peu ou mal informé.
On comprend bien sûr que ce genre « d’argument » puisse être utilisé à des fins de manipulation idéologique, mais il n’a en réalité aucune cohérence et partant, aucune pertinence.
Ce que reconnaît de façon parfaitement justifiée le Conseil d’État, lorsqu’il affirme, en récusant la qualification de « discrimination » à propos du refus de la PMA pour les lesbiennes, que « le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes ».
Comme je le signalais dans un commentaire, la similitude n’a rien à voir avec l’égalité.
Il n’y a pas de droit à la similitude comme il y a un droit à l’égalité; cela aussi relève de concepts philosophiques élémentaires, dont la méconnaissance entraîne des erreurs de bonne foi, mais aussi bien des supercheries.
Fort heureusement, on peut être égaux sans être similaires.
La femme et l’homme doivent être égaux en droit. Cela n’implique aucunement que l’homme revendique sous prétexte d’égalité le droit de disposer d’un utérus et d’accéder à la grossesse, ou la femme celui de posséder des testicules afin d’inséminer une compagne.
Encore moins doit-on considérer de telles différences comme discriminations.
« Le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes » affirme donc le Conseil d’État.
Il en va de même en ce qui concerne la dissimilitude entre un couple homosexuel et un couple hétérosexuel.
Pour ce qui est de la procréation, elle ne relève donc en aucun cas de l’inégalité ni de la discrimination. Il s’agit simplement d’une différence.
Tout comme, n’en déplaise à Michael Jackson, un noir est différent d’un blanc tout en relevant de la même égalité de droit.
Or, cette confusion entre égalité et similitude, qui en vient à considérer comme discrimination ce qui est différence légitime, est en permanence instrumentalisée pour justifier le recours à la PMA sous prétexte de discrimination.
Et beaucoup, par manque de connaissance, d’information ou de réflexion, mais aussi par vulnérabilité à un certain chantage à la compassion et à « l’égalité » habilement utilisé et largement répercuté par les médias, sont donc convaincus que les couples de lesbiennes subissent une inadmissible discrimination.
Si « aujourd’hui, 75 % des Français sont favorables à l’extension de la PMA », comme nous le dit Brice Teinturier , il y a fort à parier que ce jugement est motivé par cette conscience erronée d’une « inégalité » ou d’une « discrimination ».
Alors que celle-ci ne relève que de l’erreur ou de la manipulation.
Par contre, une inégalité, réelle cette fois, toucherait effectivement les enfants nés de PMA dans la mesure où le fait de ne pas bénéficier d’un père et d’une mère relève effectivement d’une inégalité de droit par rapport aux autres enfants, et non plus d’une simple différence.
Si les enquêtes concernant la PMA étaient formulées autrement (si on demandait par exemple « pensez-vous que le droit de l’enfant à l’égalité soit respecté si certains sont privés de père ou de mère ») on obtiendrait sans doute un tout autre pourcentage.
Mais les formulations des enquêtes sont rien moins que neutres…
Il est donc aberrant de voir un « Comité d’Éthique » propager des incohérences aussi flagrantes, qui, témoignant d’une ignorance grave des rudiments de la philosophie, entraînent des personnes qu’il devrait éclairer à succomber à de grossières supercheries.
Et lorsqu’Agnès Buzin prétend à tort qu’entre PMA et GPA il ne s’agit « absolument pas de la même problématique », elle oublie qu’au-delà de la question de la « marchandisation du corps de la femme », l’argument principal soulevé en faveur de la PMA pour toutes par le CCNE, celui justement de « l’égalité », est tout simplement le même que celui qu’évoquent les partisans de la GPA.
N’en déplaise à notre ministre, il s’agit donc incontestablement de la même problématique.
Il sera donc bien difficile de maintenir sur ce point, entre PMA pour toutes et GPA, un « deux poids deux mesures », c’est-à-dire dans ce cas une réelle inégalité et discrimination sexiste entre le droit de la femme et celui de l’homme.
Mais démagogie et « promesses électorales » ne s’embarrassent pas de telles subtilités…
- Un autre point scandaleusement négligé par le texte du CCNE est celui de la situation de l’enfant et de ses droits.
Par le biais de l’invocation d’un tout puissant « désir », tout semble en effet y privilégier implicitement un « droit à l’enfant », dont les juristes s’accordent à dénoncer l’absurdité.
Si des différences profondes s’expriment dans la consultation sur la question de l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation aux couples de femmes et aux femmes seules, l’importance de certains éléments est partagée par tous: l’importance d’une structure familiale, la réalité du désir d’enfant (…) (id. p. 131).
Les quelques références à ce que pourrait être la situation de l’enfant né par IAD ou PMA sont étonnamment succinctes et désinvoltes :
Simple allusion à
« la conscience de la responsabilité parentale vis-à-vis de l’enfant » (id. p.131)
Cette demande d’accès pour toutes les femmes à l’IAD a également fait débat au sein du CCNE, en particulier sur les conséquences pour l’enfant d’une institutionnalisation de l’absence de père, donc de l’absence de l’altérité « masculin-féminin » dans la diversité de sa construction psychique. (id. p. 121).
Cette demande d’AMP, en l’occurrence une insémination artificielle avec donneur (IAD), pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infertilité, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques d’AMP pour répondre à un désir d’enfant. Elle modifie profondément les relations de l’enfant à son environnement familial, en termes de repères familiaux, d’absence de père, institutionnalisée ab initio.
Elle fait émerger aussi plusieurs interrogations sur la relation des enfants à leurs origines, puisqu’en France le don est anonyme et gratuit, ou sur le fait de grandir sans père. Aussi sur ces points, il serait pertinent de pouvoir s’appuyer sur des recherches fiables sur l’impact de cette situation.
Cependant l’analyse du CCNE, après les États généraux comme dans l’avis 126, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes et la relation de l’enfant dans les nouvelles structures familiales, le conduit à proposer d’autoriser l’ouverture de l’IAD à toutes les femmes.
Il considère que l’ouverture de l’AMP à des personnes sans stérilité peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte. (id. p. 120).
Admirons le « cependant » : les modifications certes reconnues des relations de l’enfant à son environnement, l’absence de père « institutionnalisée », tout cela pose bien sûr quelques problèmes ; cependant cette souffrance inéluctable de l’enfant apparaît en fin de compte comme quantité négligeable, comparée à « une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles » du couple d’intention.
Façon élégante de dire que le droit de l’enfant est tout-à-fait secondaire par rapport au « droit à l’enfant », qui impose, sans autre considération, de « proposer d’autoriser l’ouverture de l’IAD à toutes les femmes ».
Ici encore, il s’agit d’une légèreté proprement consternante.
Pour qui connaît tant soit peu les avancées considérables des connaissances concernant le développement de l’enfant y compris depuis sa vie prénatale,
(j’avais cité dans un post précédent quelques références en particulier à la psychothérapeute Anne Schaub, aux ouvrages de Benoît Bayle, par exemple: L’identité conceptionnelle. Tout se joue-t-il avant la naissance ? Cahier Marcé n° 1, coll. « Médecine, psychanalyse et société »Penta – L’Harmattan, Paris, 2005, ainsi que son site sur Internet. On sait par ailleurs que les études de PPN (Prenatal and Perinatal Psychology ; par ex. pour ne citer qu’un titre évocateur : A. J. Ward, « Prenatal Stress and Childhood Psychopathology. » Child Psychiatry and Human Development 22(1991): 97-110) etc. sont particulièrement approfondies dans le monde anglo-saxon).
une telle désinvolture relève de la supercherie, et n’est en aucun cas digne d’une réflexion qui prétend orienter les citoyens sur les questions d’éthique.
- D’autres problématiques seraient bien sûr à développer, en particulier celles concernant la filiation, l’anonymat du don et l’identité du donneur :
La réflexion sur l’accès aux origines des enfants nés par une procédure d’AMP avec tiers donneur est aussi considérée comme indispensable. Concernant l’anonymat du don, un consensus existe sur le fait de ne pas cacher aux enfants l’histoire de leur conception et sur la distinction entre un donneur et « un père ». En revanche, le débat persiste quant aux informations qui pourraient être dévoilées et leurs modalités d’accès, mais la distinction est clairement faite entre une information non identifiante et le dévoilement de l’identité du donneur, ce qui n’est pas assimilé à la levée de l’anonymat. (id. p. 116).
- Mais je terminerai en évoquant ce que j’avais nommé dans un post précédent le « chantage à la résilience », qui, bien qu’il ne soit pas explicite dans ce texte, en sous-tend toute la démonstration.
Car si la souffrance de l’enfant est négligeable par rapport à la « souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles », c’est qu’il semble évident depuis longtemps qu’un enfant de deux mères, de deux pères, etc. ne peut que se développer et se porter aussi bien qu’un enfant de famille hétérosexuelle.
De cela, de nombreuses enquêtes attesteraient, comme on ne cesse de nous le répéter.
Là encore, ce présupposé implicite relève d’un grave sophisme qui touche à la supercherie.
Concernant la résilience, je me permets de reprendre quelques lignes d’un post déjà mentionné :
« Samuel Pisar est devenu un avocat international et un auteur de renommée mondiale après avoir connu enfant les camps de concentration.
Beethoven, de son côté, aurait été enfant d’alcoolique.
Mais de tels témoignages des extraordinaires capacités de résilience qui caractérisent les petits d’hommes, ou du moins certains d’entre eux, impliqueraient-ils que nous devrions les faire grandir en camps de concentration ou que nous gagnerions à devenir des parents alcooliques ?
Et que ceci constituerait en outre une position « éthique »?
La résilience est l’un des beaux mystères de l’espèce humaine. Elle montre que l’être humain dispose de ressources suffisantes pour réparer, au moins en partie, les aberrations que lui imposent les circonstances et ses semblables.
Mais elle ne nous dégage aucunement du devoir qui nous incombe : celui d’offrir aux enfants que nous prenons le risque de mettre au monde les meilleures capacités de développement et de leur éviter le plus possible les traumatismes dont nous serions responsables ».
Les capacités de résilience des enfants sont telles que beaucoup peuvent sortir indemnes des situations les plus abracadabrantesques.
Aucune raison de se priver de leur en imposer de toujours plus sophistiquées au gré de nos fantasmes !
Outre qu’elle ouvre une bien problématique « boîte de Pandore », et risquerait de constituer une dangereuse jurisprudence en ce qui concerne une médecine de pure convenance, de complaisance, détachée de toute indication thérapeutique, l’argumentation indigente de ce texte du CCNE ne se révèle donc absolument pas à la mesure de l’objectif recherché : informer sur les conditions d’une réelle éthique de la procréation.
Je m’en tiendrai donc pour ma part à soutenir et promouvoir autant que faire se peut la « position minoritaire », telle qu’elle est exprimée à la fin du chapitre concernant la procréation :
Position minoritaire concernant la partie Procréation
Certains membres du CCNE tout en continuant leur réflexion restent animés sur le plan éthique d’un doute et d’une inquiétude concernant les modifications proposées pour les indications de l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP).
Ils estiment que l’Autoconservation Ovocytaire «de précaution » est difficile à recommander chez des jeunes femmes sans facteur pathologique d’infertilité, étant donné le risque médical, la possible inutilité pour le plus grand nombre, et l’absence de garantie de succès en cas d’utilisation. Ils restent sur cette question en phase avec l’analyse et les conclusions développées dans l’avis 126 pour maintenir les indications aux conditions pathologiques de la loi actuelle.
Concernant la demande d’Assistance Médicale à la Procréation des couples de femmes et des femmes seules, en l’occurrence l’accès à l’Insémination Artificielle avec sperme de Donneur (IAD), l’apport des récents États généraux de bioéthique leur a permis, comme à l’ensemble du CCNE, de constater de profondes divergences et oppositions sur cette question dans la population française dont les raisons sont déjà développées dans l’avis 126. Les membres ci-joints constatent au sein du CCNE une absence d’adhésion à une question qui engage autant l’avenir et expriment donc le souhait que soit maintenu résolument le statu quo fondé sur la plus grande prudence, qui incite à ne pas lever les réserves déjà émises dans la position divergente de l’avis 126 du CCNE, concernant l’accès des femmes à l’insémination artificielle avec sperme de donneur. Nous réaffirmons qu’il nous est apparu que la société, et tout particulièrement les enfants, quelle que soit leur plasticité, avaient à l’heure actuelle, un besoin pressant de sécurité et de stabilité, et qu’au regard des incertitudes soulevées par l’ouverture de l’AMP à toutes les femmes, de ses conséquences sur la place de l’acte médical et le risque de marchandisation des produits du corps humain, le maintien d’un statu quo apparaît un moindre risque. Il nous paraît donc justifié et prudent de réserver l’Insémination Artificielle avec Donneur aux cas d’infertilité pathologique.
Membres signataires : Yves CHARPENEL Florence GRUAT
(id. p. 131-132).
Merci, Madame et Monsieur, pour cette courageuse et salutaire mise au point.
PS 15/10:
Je ne voudrais pas être mal compris: lorsqu’à propos de résilience, je parle de camp de concentration et de famille alcoolique, loin de moi l’idée d’opérer quelque rapprochement que ce soit avec un couple homosexuel !
Je sais parfaitement qu’il existe des couples homosexuels admirables et des couples hétérosexuels indignes. L’inverse étant aussi vrai, d’ailleurs.
Mon but est simplement de souligner que le « facteur résilience » empêche toute évaluation précise et sérieuse du rôle joué par l’environnement sur le développement de l’enfant.
Que cet environnement soit donc hétérosexuel, homosexuel, celui d’un couple désuni, de parents divorcés, violents, alcooliques, etc.
Mystérieusement, l’enfant – certains enfants du moins – peuvent trouver les ressources pour se tirer sans trop de dommage des situations les plus complexes.
Mais c’est un sophisme nauséabond que de tirer prétexte de cette capacité mystérieuse pour en faire un alibi qui pourrait tout justifier :
Notre devoir concernant nos enfants est de leur donner au départ les meilleures conditions possibles d’épanouissement.
Or, rien ne prouve que les priver ab initio d’un père ou d’une mère fasse partie de ces conditions.
*Une deuxième remarque que j’aurais dû développer, mais que j’ai oubliée du fait de son caractère par trop évident:
La question de la PMA pour toutes n’est jamais qu’un prétexte, et n’a rien à voir avec l’égalité, la justice, encore moins l’éthique.
Un candidat, puis un Président en mal de voix de « gauche » avait, et a désormais, besoin de cette vitrine pour montrer qu’il est capable de mener ce genre de « réformes sociétales » qui confère automatiquement l’étiquette « de gauche » et l’adhésion de badauds-bobos autant ébahis qu’idéologues.
Il est hélas particulièrement déplorable que des enfant à venir soient pris en otage et fassent les frais de telles opérations plutôt veules ; tout cela qui plus est avec la bénédiction « éthique » d’un CCNE-croupion.
Cher desiderius, je ne peux qu’applaudir et compatir 🙂
Alors que pendant des millénaires, sinon depuis toujours, le destin des orphelins (de père ou de mère) était unanimement déploré au sein de notre commune humanité, on ne peut que prendre acte, c’est UN FAIT, que nos sociétés en rupture existentielle (à la fois idéologique et technologique) de tout le parcours de l’humanité trouvent juste et légitime de mettre en place des systèmes de procréation programmant la naissance d’orphelins (de père ou de mère).
On aura beau dire et redire, le déplorer comme un méfait ou l’interroger comme une défaite, c’est un fait. Un fait, c’est tout. De même que le mot « mariage » a récemment changé de sens et de définition dans bien de nos pays à la pointe de la modernité éthique.
C’est une des nombreuses révolutions anthropologiques en cours, témoignant des pertes de repères sur lesquels nous avons vécu sur terre (cf. anthropocène écolo-climatique, exploitation tout à fait hubrique de nos ressources énergétiques, explosion démographique planétaire, renoncement à la croyance en des lois suprahumaines, etc.).
Et la même éthique qui autorisera les uns à (re)produire de la vie d’autrui ad libitum interdira d’aider les autres à arrêter la leur quand même ils l’estimerait devenue invivable.
Avec toute ma sympathie.
Merci Claustaire pour ce commentaire, dont je partage la tonalité désabusée devant le constat de fait de cette « révolution anthropologique ».
Mais si la raison des plus forts – et/ou des plus manipulateurs – a bien des chances de s’avérer la meilleure – pour ne pas changer -, le combat de la résistance vaut la peine.
Même quand il s’agit de charger sabre au clair sur nos vieux chevaux de retour face à l’artillerie ultra-moderne de troupes « branchées »,
il apporte plus de contentement que les arguments frelatés.
Ne serait-ce que de pouvoir se regarder sans trop de honte dans un miroir!
Cordialement.
Effectivement, les faits sont têtus. La PMA est autorisée depuis 40 ans, et ce n’est qu’à l’occasion de sa future ouverture aux couples de femmes que les pédophiles catholiques nazis de la manif pour tous et quelques ordures dans votre genre se réveillent pour hurler leur fanatisme haineux.
Il n’y a qu’un remède : vous administrer vos crucifix en lavement. Le plus lentement possible. Je souhaite, par ailleurs, que vous soyez pris pour un homosexuel dans la rue que vous vous fassiez attaquer violemment par les criminels haineux que votre propagande a réveillé. Mais bon, vous êtes à la fois inaccessible à la rationalité et et la honte, donc cela ne changera pas grand chose.
Bonjour,
Merci pour votre travail.
J’aurais une petite question, vous dites dans un de vos textes que pour l’Académie de Médecine la mère porteuse est la mère biologique de l’enfant et non la femme qui fournit l’ovocyte. C’est personnellement ce que je crois mais j’en cherche la démonstration.
Ce serait dans son rapport de 2014. Or j’ai beau chercher la référence de ceci, je ne trouve pas.
Pourriez vous m’indiquer un lien allant dans ce sens ?
Merci.
Merci pour votre réaction.
Mais je ne cite pas dans ce post l’Académie de Médecine et je ne m’aventure pas sur la question des mères porteuses ni sur celle de la détermination de la maternité entre mère porteuses et mère biologique.
Désolé de ne pouvoir répondre à votre demande de référence.
Je reviendrai vers vous si je trouve l’information.
Cordialement.
[à Non aux crimes des superstitieux religieux]
Bonjour
Merci pour vos conseils ainsi que pour les remèdes proposés.
Je vous signale que cela fait bien des années que je fais profession « d’être accessible à la rationalité », et que j’essaie de le démontrer.
Par exemple, si au lieu de vos remarques si judicieuses vous m’opposiez un seul argument rationnel et fondé, je vous garantis que je m’efforcerais d’y répondre.
En attendant, puis-je me permettre de vous informer que ce n’est pas de cette façon que vous faites honneur à la cause que vous prétendez servir ?
C’est bien dommage: elle mérite bien mieux que cela.
Cordialement.
Bonjour,
Merci pour votre réponse.
Je m’en excuse mais je me suis trompé. Il s’agissait d’un article de Pierre Courbin
https://www.huffingtonpost.fr/pierre-courbin/le-contrat-ne-peut-briser_b_5847904.html
où il écrit : « Ensuite, l’Académie pose que biologiquement la mère du bébé ainsi transféré à la naissance est celle qui a échangé avec lui pendant les 9 mois de la grossesse. C’est un fait scientifique. »
Comme disait Camus, « à mal nommer les choses on ajoute au malheur du monde » ce que je crois être le fond du problème.
Confusion du langage pour confusion des esprits : si l’on disait que la « mère porteuse » est la mère de l’enfant, ce qu’elle est en raison de la réalité biologique, et que la mère d’intention est la mère de substitution, puisque c’est elle qui se substitue à la mère, l’arnaque apparaîtrait au grand jour.
En tout état de cause, merci encore pour la qualité de votre travail.
Bonsoir,
Votre mise au point donne à une question importante une réponse avec laquelle je suis entièrement d’accord.
Elle mériterait d’être approfondie et documentée par des avis médicaux, même s’il s’agit peut être avant tout, une fois de plus, d’une question d’éthique qui grève particulièrement la légitimité de la GPA.
Merci en tout cas pour votre courtoisie.
Comme vous pouvez le constater, c’est une valeur qui se perd…
Cordialement.
Bonjour,
ce qui nous a trompé, c’est le don d’ovocytes.
Depuis des millénaires on croyait que la mère était celle qui accouche et voila que tout à coup, suite à un don d’ovocytes on a pu dire qu’une femme pouvait accoucher d’un enfant qui n’était pas le sien. Cependant ce raisonnement fait d’abstraction était une erreur. Depuis toujours chacun convenait que le père d’un enfant était celui qui, à côté de la mère, participait à son éducation quand bien même l’enfant avait les yeux du facteur. Il fallait faire le même raisonnement avec la femme, ce n’est pas la transmission du patrimoine génétique qui fait la mère et quand réalité, rien n’avait changé, c’était toujours celle qui accouchait qui était la mère.
Comment le sait-on ? Et bien pour le voir simplement il suffit de se tourner vers l’enfant ,parce que lui sait parfaitement qui est sa maman. Sa maman est la femme qu’il aime et certainement pas la donneuse génétique qui est pour lui une étrangère au même titre que la femme de ménage qui passe dans le couloir.
Un être humain est un être de relation. Etre mère, c’est participer à une relation d’amour qui provient de la séparation consécutive à l’accouchement. On peut dire qu’être mère, n’est pas une convention, une décret, un choix, mais juste un fait, qui ne se décide pas, mais simplement se constate par cette relation d’amour forgée dans la gestation.
Don d’ovocytes ou pas, la mère véritable est la mère biologique, celle dont le corps a été mis au service de l’enfant, et qui part le fait, l’engage définitivement dans cette responsabilité d’être parent.
Bonjour,
J’ai rajouté à mon dossier sur la GPA l’article du Dr. Courbin paru dans le HuffingtonPost, que vous signalez.
Je ne le connaissais pas, et il est en effet d’une grande importance en attirant l’attention sur le rôle capital de l’épigénétique, alors que le droit se focalise seulement sur le « génétique » dans sa dimension la plus matérielle et « mécanique ».
Cette perspective conforte les réflexions d’Anne Schaub, Benoît Bayle, etc. que je mentionnais mais qui se limitent à un abord plus psychologique.
Encore merci donc pour cette référence qui permet d’enrichir la réflexion, même si elle concerne essentiellement la GPA
Cordialement.
Je vous mets le lien vers le rapport de l’Académie de Médecine, celui-ci étant mort dans l’article de P Courbin.
Cliquer pour accéder à tap-pages-de-917-%C3%A0-950.pdf
Merci.
Bonjour,
Du coup je suis allé voir la vidéo d’Anne Schaub
Ce qu’elle dit est très clair.
Par contre 632 vues en trois ans, c’est la misère, une exposition médiatique nulle à comparer par exemple à celle de MO Fogiel. Tristesse.
Dans le document que vous commentez il y a cette phrase qui confirme votre analyse, où il me semble que tout est dit :
« Le renouvellement et l’enrichissement rapide du savoir scientifique et
technologique, y compris ébauchant des aspects parfois inquiétants pour l’homme,
suggèrent que l’humanité est probablement à la frontière d’une mutation
anthropologique, ce qui exige une information et un débat régulier au sein de la
société. »
Ces gens sont déjà passés de l’autre côté, ils sont là pour accompagner la « mutation anthropologique » et non pour rappeler les valeurs ou servir de garde-fous (au sens propre), ainsi il propose une révision de la loi bioéthique régulière pour l’adapter aux « évolutions sociétales. »
Il est assez possible que le « mariage pour tous » soit pour beaucoup dans l’affaire.
Parce que si l’on admet comme un fait, qu’un enfant peut avoir deux mamans et pas de père ou deux papas et pas de mère, alors tout est possible, rien n’est vrai, on peut tout inventer même des choses absurdes, l’idéologique prime sur la réalité.
Macron dans un discours devant la CEDH a déclaré :
Cliquer pour accéder à 2018-09-Pour-une-GPA-responsable-en-France-_-GenerationLibre.pdf
« Mais il faudra bien, pour vivre en société, que des règles de droit progressivement s’édictent car les faits progressivement seront là. »
Bon, des faits qui ne tiennent pas compte de la réalité de ce qu’est un papa ou une maman, mais macron, lui ne le sait pas. Comment penser sainement la sexualité quand on est soit même atteint d’une distorsion sexuelle ?
Bonsoir,
Il me semble en effet tout à fait pertinent de distinguer géniteurs / génitrices & progéniture, de parents (père / mère) & enfants.
[ De même qu’on ne devrait jamais parler de « parents d’élèves », mais seulement de parents d’enfants, en laissant la notion d’élève se rapporter à celle d’enseignant ]
Merci pour vos échanges.
Bonsoir Claustaire et P. de Witte,
Je suis bien d’accord que le retentissement médiatique accordé à des gens comme Anne Schaub est « une misère », étant donnée l’importance de ce qu’elle dit.
Quant au « mariage pour tous », je pense qu’une volonté politique aurait pu permettre de le considérer autrement.
Je reprends ce que je disais « jadis » à Claustaire:
« Pour ce qui est du mariage, j’aurais moi aussi préféré quelque chose comme une « union civile ouvrant aux mêmes droits que le mariage » pour qualifier l’union de personnes homosexuelles.
Mais j’avoue que les campagnes hystériques menées contre le mariage homosexuel m’ont fait évoluer dans mes opinions, de par leur tonalité essentiellement homophobe et discriminatoire.
(…)
Je ne vois donc pas pourquoi on le refuserait aux personnes homosexuelles, y compris avec ses connotations symboliques les plus fortes, légitimement revendiquées. Sur ce point, une union homosexuelle n’a aucune raison d’être distinguée d’une union hétérosexuelle. Et je comprends parfaitement que bien des homosexuels aient été choqués par des campagnes voulant faire croire qu’ils n’étaient capables que d’un « sous-mariage », le seul, le vrai, étant réservé de droit aux hétérosexuels.
Maintenant, (…) je ne pense pas légitime que le fait de reconnaître la pleine dignité de l’union homosexuelle en la qualifiant de « mariage » équivale à l’acceptation de n’importe quelle aberration et incohérence en ce qui concerne la question de la procréation comme celle du droit de la filiation ».
http://desideriusminimus.blog.lemonde.fr/2017/06/27/pma-lethique-supposerait-elle-lincoherence/
Si le politique avait fait son travail, il aurait été facile de concilier la reconnaissance de la pleine dignité de l’union de deux personnes homosexuelles (mariage donc, pourquoi pas?), tout en accompagnant cette reconnaissance de limites – pour moi indispensables – en ce qui concerne la procréation.
Mais hélas, il semble en effet qu’il ne faille pas attendre du politique (et du droit) autre chose qu’un accompagnement servile des « mutations anthropologiques » et autres « évolutions sociétales »…
Si la sexualité de M. Macron ne concerne pas mon propos, la phrase citée par P. de Witte est en effet impressionnante: que « les faits soient là progressivement », personne n’en doute.
Mais « les règles de droit » n’ont pas à « s’édicter progressivement » (notons la tournure impersonnelle: on dirait que le droit « s’édicte » tout seul, comme si ce n’étaient pas des personnes qui le disent…) pour entériner tous les « faits ».
Elles peuvent aussi, et doivent, opérer un permanent discernement et ne pas hésiter à en frapper certains d’interdit.
En particulier ceux qui jouent bien légèrement avec la condition des enfants.
Bonsoir,
je crois en effet que le nœud du problème est dans le langage. Sauf que le langage a été perverti puisqu’on arrive à écrire, dans l’état civil, c’est à dire dans un acte de justice qui fonde l’ensemble de notre justice, qu’un enfant peut avoir deux mères, ce qui n’a jamais existé et n’existera jamais.
A titre d’exemple, il y a dans la vidéo d’Anne schaub une phrase qui m’a fait tiqué : elle dit que dans la GPA on introduit l’embryon dans l’utérus d’une femme étrangère. Mais serait-ce différent si l’utérus en question est celui de celle qui a fournis le matériel génétique ?
Non. Pour parler d’étranger, il faut d’abord qu’il y ait une famille et que cette famille se soit construite autour de l’attachement à la mère, attachement produit par la relation utérine. C’est à dire que la notion d’étranger n’existe que comme produit de la relation maternelle et ne saurait avoir de réalité avant que le processus n’ait lieu. Donc non, l’embryon n’est pas introduit dans l’utérus d’une étrangère, mais dans l’utérus d’une femme qui deviendra sa mère dans la relation qui va se créer dans l’utérus alors que la donneuse d’ovocyte restera une étrangère puisque la relation d’attachement ne se créera pas.
Le problème du mariage pour tous c’est que les questions d’adoption et de filiation venaient avec, puisqu’on se marie pour fonder une famille et qu’il aurait bizarre d’accorder le droit au mariage sans le droit de fonder une famille.
De là découle la PMA, puis viendra la GPA, pour réparer cette injustice que deux mâles ne peuvent produire d’enfant. De là découle aussi, comme je l’ai déjà dit, le fait que le CCNE baisse les bras devant la mutation anthropologique qu’ils constatent mais qu’il ne peuvent combattre, puisque toute tentative de discours contre la PMA devient un discours contre le mariage pour tous, parce qu’en effet, si les homosexuels peuvent adopter alors il n’y a pas de raison de leur interdire la PMA.
Ici,ce n’est pas le fait qui fait la loi mais la loi qui fait le fait.
Bonjour,
Même si la partie risque fort d’être jouée, les questions de procréation et de filiation (je pense pour ma part que l’adoption est une problématique différente) ne « venaient pas » nécessairement « avec » le mariage pour tous.
La preuve en est que la question de la PMA pour toutes et de la GPA sont actuellement à l’étude et n’ont pas fait l’objet d’une attribution « automatique » avec le « pack » du mariage, la deuxième demeurant même – pour le moment…- l’objet d’un « interdit » relativement partagé.
Même si cette solution paraît hélas mal en point du fait de l’incurie du politique, il reste donc parfaitement possible au regard du droit de concevoir un mariage qui n’ouvre pas à un droit à la procréation: il suffit de conserver le statu quo. C’est bien ce que proposent les courageux tenants de la « position minoritaire » du CCNE que j’évoque dans mon post.
Cordialement.