De nouveau quelques suggestions en vue d’une non-prolifération de la honte et du mépris du Droit.

La moindre expérience de l’enseignement démontre que lorsqu’un élève décide de ne pas respecter le règlement intérieur dont il a connaissance, qu’il agresse violemment ses camarades sans tenir compte des avertissements et des tentatives de conciliation, la solution doit être son exclusion, temporaire ou définitive en fonction de la gravité des faits.

Cela constitue la seule façon de garantir les bonnes conditions de l’enseignement.

Dès lors, comment accepter que ces règles de bon sens qui régissent l’éducation puissent ne pas s’appliquer à la Communauté des Nations ?

Comme je l’avais expliqué dans mon post précédent, le maintien de la Russie au Conseil de Sécurité des Nations Unies constitue dans les conditions actuelles une scandaleuse incohérence, puisque la fonction de celui-ci est expressément, comme l’affirme la Charte, d’assumer « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale ».

Comment donc concevoir que le mauvais élève de la classe, en l’occurrence un État-voyou violant sciemment et de façon répétée le Droit International, puisse faire la loi dans une Institution alors qu’il devrait en être de toute évidence et de toute urgence exclu ?

Le maintien de tels élèves dans la classe constitue une démission et un grave camouflet qui grève profondément la crédibilité (si tant est qu’elle en ait encore…) de l’Institution tout entière.

Et que dire de l’exemple donné et de la contagion assurée, puisque le mépris du règlement ne fait l’objet d’aucune sanction de la part des autorités compétentes. « Surtout pas de vagues », entend-on hélas à l’envi comme on le sait dans les milieux de l’Éducation Nationale.

Le précédent de l’élève Russie, ne manquera pas ainsi de faire le profit de l’élève Chine, puis de l’élève Corée du Nord, en attendant la suite.

Surtout si les lâchetés et démissions se répètent avec une fréquence impressionnante.

Car six mois après le début d’une guerre scélérate qui a donc manifesté l’impuissance du Conseil de Sécurité, voilà que la Russie remet le couvert en s’opposant à l’adoption du texte sur la non-prolifération nucléaire.

Sans qu’ait été proférée, une fois de plus, la moindre menace d’exclusion ou d’invalidation de son avis en raison de son casier judiciaire plus que chargé qui devrait amplement justifier l’impossibilité de participation à un quelconque jury.

On pourra certes dénoncer avec raison dans ce genre de textes les pures déclarations d’intention, mais l’impact symbolique est néanmoins significatif : « Vous êtes peut-être 190 à être d’accord, mais n’oubliez pas que c’est moi, et moi seul, qui fait la Loi. Vous, vous n’avez qu’à la fermer » rappelle à ses camarades qui effectivement la ferment le gros bras de la classe.

Effrayante faillite, présente et à venir, de tout effort géostratégique préoccupé du maintien de la paix dans le monde…

Dans ces conditions, comment ne pas penser que le pire est encore à venir ?

Sa Majesté le Gros Bras aurait été dérangée, dit-il elle, par « certains paragraphes qui sont éhontément politiques » dans la déclaration finale, en l’occurrence ceux concernant la centrale de Zaporijia.

Car sans doute une guerre d’agression ne relève-t-elle en rien, elle, du politique…

J’avais dans un post précédent proposé une extension de la dissuasion nucléaire aux attaques concernant le nucléaire civil :

N’est-il donc pas grand temps d’inclure les attaques, conventionnelles ou nucléaires, ayant pour but la destruction d’installations nucléaires civiles dans les agressions entraînant d’office une riposte de la même intensité que celle prévue dans le cas d’attaques nucléaires, du fait des dégâts considérables et durables que de telles destructions provoqueraient autant pour les populations proches, pour l’humanité entière que pour l’environnement ?

Le droit de la guerre doit statuer sur ce risque.

Provoquer, quelle que soit la façon, l’explosion d’une centrale nucléaire civile [ajout: ou la dissémination de produits radioactifs pouvant avoir des conséquences tragiques au-delà même des frontières des pays en guerre et interdisant d’accès durant des décennies des territoires entiers] lors d’un conflit n’est-il pas équivalent à l’utilisation d’une bombe atomique ?

Si une théorie de la dissuasion nucléaire a un sens – et jusqu’à ce jour, elle a tout de même évité une guerre atomique, même si son efficacité est bien loin d’être garantie dans la durée […] alors elle doit être étendue à tous les éléments susceptibles de jouer un rôle dans un conflit nucléaire.

Les conditions nouvelles des guerres nouvelles, comme nous le montre ce désastreux conflit en cours, exigent désormais d’inclure d’urgence de nouveaux éléments dans une stratégie de dissuasion et dans le droit de la guerre.

Je ne vois pas de raison de modifier cette approche.

Et, outre la fixation de zones de sécurité inaliénables autour des centrales, sans doute serait-il pertinent et désormais indispensable de la part de l’ONU d’instituer et de mettre sur pied une force internationale d’intervention rapide dans le cas où l’une de ces zones de sécurité se verrait violée, quelle que soit la manière, par un agresseur, quel qu’il soit.

Force d’intervention qui se caractériserait bien sûr, dans sa définition même, par une totale indépendance envers quelque « veto » que ce soit.

Afin que soient enfin respectés la Loi et l’Ordre, et que soit mis un terme aux inadmissibles diktats des pires élèves de la classe.

*

Ajout du 01/09 :

Sur ce personnage essentiel que fut Gorbatchev, je m’étais permis quelques remarques à l’occasion d’un petit commentaire d’un ouvrage de Simon Leys.

Les liens donnés dans ce post sont aussi à consulter.

Ainsi, à la faveur des événements récents, l’antithèse avec Poutine atteint-elle un sommet : alors que Gorbatchev avait pris l’initiative des discussions avec les États Unis sur le désarmement nucléaire, les hommes de main du triste Vladimir refusent de signer l’accord sur la non-prolifération…

Et l’absence de Poutine aux obsèques confirme cette antinomie.

Mais sans doute est-il préférable que la présence du pitoyable despote ne vienne pas salir la mémoire du Grand Homme.

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