Encore sur la liberté d’expression. Qu’elle ne peut se réduire à une proclamation abstraite, mais qu’elle exige une analyse critique préalable du contexte dans lequel elle s’exerce.

Je transfère sur ce nouveau post une discussion commencée dans les « commentaires » aux posts précédents, mais qui ne concernait pas les sujets qui y étaient traités.

Il me semble intéressant de lui donner une place spécifique.

Elle fait suite à des réflexions et débats avec Claustaire développés suite à l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020.

https://stultitiaelaus.com/2020/11/13/quelques-remarques-en-complement-du-post-precedent-sur-liberte-dexpression-et-respect/

*

Précision à l’attention de ceux qui souhaiteraient m’assassiner : la reproduction des dessins ci-dessous n’a aucunement pour but d’accuser ou d’humilier l’islam, mais tout au contraire de défendre l’islam authentique en levant des équivoques et des malentendus qui ne peuvent que nuire à sa compréhension véritable.

Prière donc de lire ces discussions dans leur intégralité. Merci.

desideriusminimus

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Claustaire, le 17/10/2022.

Bonjour,
Le lien que je vous propose n’est pas en rapport (direct) avec le sujet de votre post, mais j’ai repensé à vous, en revoyant certains articles et travaux sur ce qui, il y a deux ans, a entraîné la décapitation d’un enseignant par un islamiste, persuadé d’agir au nom du Bien, avec l’assentiment de toute « sa » communauté « offensée ».

Quand vous disposerez d’une demi-heure d’attention à accorder à cet entretien, vous verrez bien ce que vous en pensez, et de la manière dont il peut éclairer les « erreurs » imputées à cet enseignant.

Avec mes respects
C.S.

claustaire

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Bonjour,

Le lien que je vous propose n’est pas en rapport direct avec votre post, mais j’ai pensé à vous en revoyant certains articles et travaux consacrés à la décapitation d’un enseignant par un islamiste convaincu d’agir au nom du Bien et avec l’assentiment de sa communauté « offensée ».

Cet entretien date d’il y a un an, mais je vous laisse juger de la pertinence de son actualité.
Avec mes respects.
C.S.

*

Réponse de desideriusminimus 20/10/2022.

Bonjour Claustaire.

Content de vous revoir sur ce blog. Toutes mes excuses pour le retard à vous répondre, dû à divers empêchements.

Mais je constate que votre intervention a encore une fois apparemment pour but de me donner quelques leçons et me reprocher une position qui n’est pas la mienne en dépit de multiples mises au point de ma part.

Alors je vais vous faire un petit dessin (ou plusieurs) pour m’expliquer.

*

Sans commentaire.

Dessin de Gregorius Nekschot, dessinateur néerlandais accusé de discrimination à l’égard des musulmans (on peut comprendre un peu pourquoi…) qui eut pourtant droit à une flatteuse double page dans Charlie. Légende : « L’imam de Noël vous souhaite de bonnes fêtes et une bonne année 2005 (1426 de l’Hégire) ». 

Sans commentaire.

Dessin de Gregorius Nekschot. Légende : « Une vérité qui dérange. Aïcha… Petite coquine ! » (Aïcha était la jeune épouse de Mahomet).  À noter que cette caricature a fait l’objet aux Pays Bas d’un signalement pour discrimination.

Normalement, cette caricature devrait tomber sous le coup de la loi, puisque la personne incriminée est nommée. Il ne s’agit donc en rien de quelque « blasphème » qui n’est pas condamné en France.

Imaginons quelles auraient été les suites judiciaires si une caricature de la même veine avait concerné par exemple l’homosexualité d’un Pierre Bergé, etc. et non l’inoffensif Mgr Vingt-Trois, qui a choisi de ne pas porter plainte.

Dessin de Gregorius Nekschot. Légende: « Mohammed et Anne Frank ont un message pour le monde: Faites l’amour et pas la guerre« 

Etc. etc. etc.

*

Je connais par ailleurs la vidéo que vous me proposez.

Même s’ils mériteraient d’être plus amplement discutés, je ne trouve rien à redire sur les thèmes qu’elle développe.

À part que la question essentielle, comme d’habitude, n’est pas posée.

J’ai toujours condamné sur ce blog l’islamisme radical et bien sûr ses crimes abjects, dont celui de Samuel Paty.

Mais j’estime qu’il est capital de sortir d’une supercherie qui grève une bonne partie de la réflexion sur la liberté d’expression.

Si effectivement, et Stultitia depuis sa naissance en a largement profité, « on doit tolérer l’inconvenance grossière et provocatrice, l’irrévérence sarcastique sur le bon goût desquelles l’appréciation de chacun reste libre, qui ne peuvent être perçues sans tenir compte de leur ­vocation ouvertement satirique et humoristique, qui permet des exagérations, des déformations et des présentations ironiques » nous dit un arrêt rendu en 1991 par la cour d’appel de Paris, l’humour et la caricature ne peuvent servir de prétexte à poursuivre ce que le droit nomme des « buts illégitimes ».

Ainsi, en 2007, la cour condamne les propos de Dieudonné – « Les juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première » – parce qu’ils ne relèvent pas « de la libre critique du fait religieux, participant d’un débat d’intérêt général, mais constituent une injure visant un groupe de personnes en raison de son origine, dont la répression est une restriction nécessaire à la liberté d’expression dans une société démocratique ».

Je vous laisse libre d’estimer que les dessins ci-dessus exposés relèvent « de la libre critique du fait religieux, participant d’un débat d’intérêt général », auquel cas, en effet, notre échange risque de tourner court une fois de plus.

Pour ma part, ayant longtemps travaillé sur la question de l’antisémitisme, je n’ai pas rencontré, à l’examen des délires des Drumont, Céline et autres personnages du même acabit ainsi qu’à celui des caricatures et affiches antisémites de la première moitié du XXème siècle en Allemagne et en France, des propos et des images d’une telle ignominie.

Ce genre de caricatures aurait pu pourtant se prévaloir « de leur vocation ouvertement satirique et humoristique », celle-là même qui semble protéger en France les productions exhibées ci-dessus, puisqu’il suffit de s’autoproclamer « journal satirique et humoristique » pour propager des représentations dont l’Histoire a largement démontré la dangerosité.

(Je vous rappelle toutefois que Nekschot si complaisamment accueilli par Charlie a fait l’objet d’une condamnation de la part du Parquet d’Amsterdam, qui a retiré de son site huit caricatures qui « dépassent les limites de la liberté d’expression. Elles sont répréhensibles (…) discriminatoires et (…) incitaient à la haine ou à la violence »).

Chez nous, par suite d’un effet que j’ai plusieurs fois documenté, auquel se surajoute la sanctuarisation dénoncée plus loin, de telles inepties flattant dangereusement le pire populisme dans sa version raciste, et dont l’apport dans un « débat d’intérêt général » concernant l’islamisme est d’une affligeante nullité, n’ont pas été sanctionnées.

Alors qu’un Zemmour lui-même, pourtant plusieurs fois condamné à juste raison pour discrimination et provocation à la haine ne s’est jamais abaissé à de telles extrémités.

Car voilà bien le fond du problème : si la liberté d’expression, à juste raison, « doit tolérer l’inconvenance grossière et provocatrice », la supercherie consiste à vouloir faire croire que la dite liberté d’expression s’y limiterait.

Or, du fait de l’attentat odieux dont a été victime Charlie Hebdo, celui-ci est devenu en France, au grand étonnement de l’étranger, le parangon, le symbole même de la liberté d’expression, la vache sacrée inattaquable, dont les moindres productions, projetées sur grand écran sur nos places publiques, ne peuvent être remises en cause sous peine d’une infâmante accusation de blasphème.

Voilà pourquoi, outre une classique complaisance française à l’islamophobie qui n’est plus à démontrer et qui est pour beaucoup dans la montée tout-à-fait prévisible de l’extrême droite, des productions parfaitement injurieuses ne sont pas sanctionnées, alors même que la loi énonce que leur « répression est une restriction nécessaire à la liberté d’expression dans une société démocratique » (Ass. plén. 16 février 2007, pourvoi n° 06-81.785, Bull. Crim. 2007, n° 1, cassation).

Amusant : lors de la parution dans Le Monde de l’article de Charlie Hebdo intitulé « Rien n’est sacré », en soutien à Salman Rushdie, j’avais écrit ce petit commentaire :

«Rien n’est sacré». Mais Charlie lui-même ne serait-il pas devenu abusivement une « vache sacrée » ? Fort légitimement, nos lois recréent un espace qui pourrait être considéré comme un sacré laïque. Sanctionner le délit d’antisémitisme, l’injure ou la diffamation raciste, homophobe, islamophobe, etc. fait partie de l’établissement de ces limites sans lesquelles une société ne peut subsister sans violence. Dès lors, que penser, entre autres exemples, de l’apologie faite par Charlie du caricaturiste G. Nekschot qui représente entre autres prouesses des imams en train d’enc… des chèvres ou des petites filles? Diffamation qui devrait fort heureusement tomber sous le coup de la loi. D’autres ont été sanctionnés pour moins que cela. La condamnation des agressions islamistes est unanime. Mais avant de donner des leçons il faudrait donc balayer devant sa porte et ne pas penser qu’un statut de « vache sacrée » établi par les circonstances que l’on sait constitue un laisser passer qui justifie l’injustifiable.

Bien entendu, comme prévu, ce petit texte considéré comme blasphématoire vis-à-vis de cette Institution Sacrée que constitue Charlie Hebdo, n’a pas eu l’heur d’être publié.

J’ai écrit jadis que Samuel Paty « a été doublement victime : de son ignoble assassin, bien sûr, et aussi d’une équivoque qu’il n’a pas été en mesure de surmonter ».

Cette équivoque, qui consiste à assimiler la liberté d’expression aux tolérances qu’elle autorise et qui se révèlent dans certains cas, comme dans celui de Charlie, dangereusement ambigües, constitue une source hélas complaisamment entretenue, délibérément mais aussi souvent de bonne foi, de malentendus qui ont causé et causeront sans doute encore des victimes.

Elle est pain béni pour des assassins extrémistes qui n’attendent que ses manifestations pour hurler à l’offense, se présenter en victimes d’une « laïcité » injurieuse, et pour mobiliser les tièdes et les hésitants, et tant de jeunes vulnérables du fait de leur marginalisation par la société.

Il y a fort à parier que nombreux sont ceux qui en attendent la prochaine expression pour profiter de l’aubaine.

Pourtant, en France ou ailleurs, manquerait-on donc d’exemples de liberté d’expression et de vraie laïcité pour sacraliser abusivement ce qui n’en est souvent qu’une … caricature ?

Mais sans doute cet appel au simple bon sens relève-t-il de l’infâme islamo-gauchisme.

Je ne me fais pas spécialement d’illusions…

Cordialement.

*

Réponse de Claustaire. 21/10/2022.

Bonjour,

Je vous ai effectivement mis un lien destiné à vous “donner une leçon” (ou, plus simplement, vous proposer à réfléchir, ce en quoi, enseignants, nous sommes censément experts).

La position que je vous reproche, depuis deux ans, est simplement celle de qui s’autorise à faire le procès d’un mort. En l’occurrence, un collègue assassiné pour avoir, dans le cadre de sa mission, proposé une caricature choquante afin de la mettre en question.

J’ai, plus d’une fois, rappelé que la caricature présentée à ses élèves par Samuel PATY (caricature sortie d’un corpus pédagogique proposé par l’E.N. pour l’enseignement en question) l’avait été dans le cadre d’un cours sur le dilemme posé par la notion de “liberté d’expression” : jusqu’où peut-on choquer (ou non) par une caricature ou une prise de position, quelles en sont les limites (fixées par la loi locale des citoyens concernés, la ‘décence commune’ ou n’importe quelle communauté de par le vaste monde, informée de l’existence d’une telle publication éventuellement faite aux antipodes), et quelles réponses possiblement meurtrières on pouvait trouver légitime (ou non) d’opposer à de telles publications.

Caricature, donc, mise au sens propre “à la question” au sein d’un cursus d’études, et non publiée dans le cadre d’une propagande raciste (comme notre société a pu en voir, hélas, proliférer ces dernières décennies).

Je vous ai mis un lien vers un entretien où Di Nota tentait d’expliquer qu’à partir du moment où on acceptait, au cours des leçons que l’on était amené à faire dans le cadre des programmes, de tenir compte du risque de “choquer”, “froisser” des élèves (ou leurs parents ou leur communauté idéologique ou religieuse) pour leurs croyances, convictions ou traditions, on n’en finirait plus de risquer de mal faire, de choquer, de froisser, de déplaire ou de devoir se censurer. Et que là où aujourd’hui telles caricatures devaient être mises à l’index, demain tels auteurs ou thèses scientifiques classiques le seraient.

Puisque vous avez pris le risque ’fatwal’ de publier des caricatures de M* pour prouver qu’une caricature peut être raciste, odieuse ou condamnable (et condamnée, en vertu de nos propres lois), ce qui n’est plus à prouver à personne, je vais prendre le risque de publier in extenso une page d’un journal sans en avoir demandé l’autorisation : il s’agit du discours que la soeur de S. PATY a proposé à la Sorbonne lors de la commémoration du deuxième anniversaire de la mort de son frère :

______________

“Je remercie bien évidemment M. Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, de nous faire l’honneur de sa présence. Je remercie les élèves et les professeurs qui ont participé au 1er concours du prix Samuel-Paty, dont le thème était : « Sommes-nous toujours libres de nous exprimer ? ». Je remercie tous les membres du prix et je remercie l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG) pour être à l’origine de ce prix et de l’avoir soutenu depuis plus d’un an. Je remercie l’association Dessinez Créez Liberté de nous avoir offert des dessins. Et je voudrais également remercier l’artiste Kaotik 747, en duo avec Gino, et toute son équipe, pour mettre en ligne demain, le 16 octobre 2022, une chanson qui rend hommage à mon frère et à tous les enseignants. Parce qu’il y a des causes et des valeurs qui sont non partisanes et qui se doivent d’être universalistes pour dire « c’est la dernière fois ». En marge de la cérémonie organisée avec les classes lauréates, je remercie l’APHG de me permettre aujourd’hui d’expliquer pourquoi ce prix à un nom… Samuel-Paty.

Après avoir vu le « devoir de faire front » avec le peuple dans la rue, après avoir vu le « devoir de mémoire » avec ces innombrables lieux, plaques et salles qui portent désormais son nom. Et aujourd’hui, la concrétisation du prix Samuel-Paty, portée par une poignée de professeurs qui poursuivent l’œuvre de mon frère : enseigner, c’est expliquer, et non se taire. En attendant le « devoir de vérité », je viens ici reprendre son cours pour assurer un dernier devoir, celui de lui rendre son honneur.

Pour cela, il me semble nécessaire de reprendre les objectifs du programme d’enseignement moral et civique de quatrième. Ces valeurs sont notamment la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité ou encore la laïcité. La méthode des dilemmes moraux a pour objectif de faire croître l’autonomie morale et de développer les capacités de raisonnement des élèves pour forger des esprits critiques. Un esprit critique n’accepte aucune assertion sans s’interroger sur sa valeur.

Elle vise aussi le respect du pluralisme des opinions, dans le cadre d’une société démocratique, tout en rappelant que la loi civile en est la garante. Je dédie ce discours à toutes les personnes mortes, blessées, torturées ou incarcérées dans le monde, pour avoir osé s’exprimer, et je le fais pour faire ­comprendre qu’on ne met pas un « oui, mais » après le mot « décapitation », en France, on met un point.

« Étude de situation : la liberté de la presse » et « Situation de dilemme : être ou ne pas être Charlie » sont les deux cours que mon frère a présentés à ses classes de quatrième à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo. Son premier cours, intitulé « Étude de situation : la liberté de la presse », est là pour rappeler que toutes les libertés sont des conquêtes humaines et qu’il n’en a pas toujours été ainsi, précisant que les journaux et les livres étaient soumis à la censure.

La libre communication des pensées et des opinions est définie comme un des droits les plus précieux de l’homme (art. 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen). Samuel précise également que cette liberté reste limitée par la loi de 1881, qui impose de ne pas publier de fausses nouvelles, qui pourraient troubler la paix publique. Celle-ci interdit également la diffamation des personnes.

L’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, est mis en exergue pour expliquer que la liberté de la presse peut être menacée. La vague de manifestations en soutien aux journalistes, cette solidarité inconditionnelle au lendemain de cet attentat n’avait pour but que de montrer qu’aucune intimidation ne nous ferait abandonner la liberté d’expression. Rien n’est acquis définitivement, et il ne faut pas oublier que si une de nos libertés est menacée, il faut en assurer la défense pour la préserver.

Il expliquera également que dans les pays où la liberté d’expression n’existe pas, des personnes sont condamnées à la prison ou à mort à cause de leurs idées, par exemple les journalistes de Reporters sans frontières sont là pour dénoncer ce qui est tu. Mon frère finira ce cours en annonçant que lors de la prochaine heure, il reviendra sur l’attentat contre Charlie Hebdo en montrant les caricatures qui ont fait polémique.

Son deuxième cours, intitulé « Situation de dilemme : être ou ne pas être Charlie » : trois caricatures représentant le prophète Mahomet sont montrées quelques secondes, ces caricatures étant issues du réseau Canopé de l’Éducation nationale. Dans ce cadre-là, il interroge sa classe ainsi : faut-il ne pas publier ces caricatures pour éviter la violence ou faut-il publier ces caricatures pour faire vivre la liberté ? Une liberté peut entrer en conflit avec d’autres droits ou le respect dû aux autres personnes.

En résumé, Samuel n’a pas fait l’éloge de la caricature, mais il a défendu la liberté d’en dessiner une. Les caricatures peuvent choquer, mais ne sont pas faites pour tuer. Il n’y a aucun cas recensé de décès pour avoir eu sous les yeux une caricature. Les caricatures sont là pour montrer qu’on peut ne pas être d’accord avec telle personne, telle opinion politique ou religieuse. Cette liberté est encadrée par la loi. C’est ainsi que Samuel donnera à sa classe la possibilité de comprendre que la laïcité permet, comme le dira d’ailleurs une de ses élèves, de croire et de ne pas croire, et, dans les deux cas, « sans pression ». Cette formule est d’ailleurs celle de M. Patrick Weil, et elle l’a retenue.
En droit français, il n’existe aucune infraction sanctionnant les atteintes aux divinités, dogmes, croyances ou symboles religieux, autrement dit le blasphème. Il faut donc faire la différence entre les atteintes aux croyances et les atteintes aux croyants.

Personne n’est obligé d’aimer Charlie Hebdo, et encore moins de l’acheter et de le lire. On a le droit de ne pas aimer les caricatures et de le dire. La paix civile, dans une société démocratique, est garantie par cette tolérance que d’autres ne pensent pas comme nous. Dans un État de droit, personne n’a le droit de menacer ou de tuer, on s’adresse à la justice pour régler ses différends. Samuel apprenait à ses élèves à se confronter à ce qui peut déplaire, tout en leur laissant exprimer leur désaccord. Il a opposé le langage à la violence.

Alors, oui, Samuel a déconstruit les arguments des islamistes en montrant leur vacuité dans notre République laïque. Il a accompli son devoir et il a tenu ce poste pendant vingt-trois ans, jusqu’en 2020, pour la dernière fois.

J’aimerais également revenir sur un point important, qui ne semble pas avoir été compris il y a deux ans, et encore aujourd’hui, par beaucoup.

Lors de la projection, pendant quelques secondes, des caricatures, Samuel propose, et non impose, aux élèves qui auraient peur d’être choqués de ne pas regarder ou de sortir quand une auxiliaire de vie scolaire (AVS) est présente, et non pas seulement aux enfants musulmans. C’est un acte de prévenance envers un public encore jeune. Des enfants de 13, 14 ans, par leur sensibilité, ne veulent peut-être pas voir des dessins appelant à créer de l’émotion. Il leur a ainsi laissé le choix – choix possible dans une société laïque uniquement. Choix qui ne semble pas avoir été assumé par la suite par deux élèves.

La laïcité est le respect de toutes les religions. Je mettrai en parallèle la laïcité de Jules Ferry, qui consiste à ne pas froisser et donc à ne pas forcer des enfants à regarder des caricatures, et le principe de neutralité, qui, lui, tend à appliquer à tous le même traitement. Je répondrai que dans cette situation de dilemme, le fait de PROPOSER à TOUS de ne pas voir une caricature respecte donc autant la laïcité que la neutralité.

Par des amalgames, c’est-à-dire la confusion volontaire de deux choses distinctes, on finit par transformer un acte laïque et neutre en une discrimination. En donnant au faux l’apparence du vrai, on finit par faire passer un comportement laïque pour un comportement raciste.
Il me reste un dernier point à soulever, il a été écrit que dans un souci de ne pas froisser, il avait tout de même froissé. C’est ainsi qu’on a pu qualifier son geste de « maladresse ». Je vous expose donc une situation de dilemme : imposer de voir les caricatures reconnues comme blasphématoires et proposer de ne pas voir les caricatures perçues comme une discrimination.

L’absurdité de cette situation touche au comique, puisque les deux propositions, VOIR et NE PAS VOIR, semblent froisser. Cela tend surtout à faire passer une réaction d’une minorité pour celle de la communauté musulmane tout entière. Alors que, dans les faits, pour la majorité des musulmans, la France est une république laïque qui ne reconnaît pas le blasphème et que dans un État non religieux, on ne peut reconnaître qu’il y ait une loi divine supérieure à celle des hommes.
Enfin, appliquer les règles de la laïcité à certains et non à d’autres, comme certains le voudraient, c’est octroyer des droits spécifiques à des individus pour motif religieux. Cela relève de la discrimination institutionnelle au plus haut niveau de l’État, contraire à la Constitution, à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ainsi qu’à la Convention européenne des droits de l’homme.

Comme cela n’est pas possible, le fait de se positionner en victime, alors même que le choix est préservé de voir ou de ne pas voir, a pour projet de nous faire renoncer aux caricatures, à notre liberté d’expression et à cette laïcité qui ne trouverait plus de sens dans une société multiculturaliste. Faut-il rappeler que la laïcité, comme le dit si bien mon ami M. Henri Peña-Ruiz, « n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait ».
Se servir des plaintes victimaires, d’un antiracisme dévoyé et, au besoin, de la PEUR comme leviers n’a pour objectif que de rendre nécessaire et acceptable la renonciation à notre école laïque. À cela, je viendrai opposer deux choses : le nombre face au bruit.

Je poserai une question simple : combien d’enfants se sont sentis offensés ? La réponse se trouve dans le rapport de l’Éducation nationale : deux, admettons trois, si on compte également la jeune fille absente. Donc trois élèves sur les 60 qui composent les deux classes de quatrième de mon frère et qui ont bien évidemment eu le même cours. Est-ce que cela n’est pas problématique de dire qu’il a froissé LES élèves ?

Cette attitude a engendré deux conséquences. Premièrement, de faire passer une réaction minoritaire comme majoritaire, rendant mon frère coupable aux yeux de tous de discrimination. Deuxièmement, reconnaître qu’il ait pu commettre une erreur en lui demandant de s’excuser a donné toute légitimité à ce qui était clairement visible, validant ainsi une campagne islamiste menée par des parents faussement indignés. Cette campagne, sous couvert d’islamophobie, ce voile d’impunité qui rend possible la propagande de la haine, ce djiha­disme d’atmo­sphère seront responsables de la mort de Samuel. Dans le djihadisme d’atmosphère, il n’y a aucune dilution de responsabilité, chacun a la sienne, et de le reconnaître c’est bien cela qui servirait à la manifestation de la vérité.

Alors, je vous le demande, entre celui qui fait preuve de prévenance de proposer de ne pas voir les caricatures et celui qui conforte les plaintes bruyantes de parents froissés, Qui donne des arguments aux islamistes ? J’invite également les adeptes du « Oui, MAIS… » et les inverseurs de culpabilité à prendre lecture de la note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation du 27 août dernier. Celle-ci « évoque une offensive anti-laïcité menée sur les réseaux sociaux visant à déstabiliser l’institution scolaire et soulève que du personnel des établissements participe implicitement à la propagande salafo-frériste à l’école ». Il va être de plus en plus difficile de contorsionner les faits et de manipuler les opinions à dessein sans afficher clairement un militantisme à l’idéologie islamiste.

Alors, NON, Samuel n’est pas responsable de sa propre mort. « On ne prostitue pas impunément les mots », disait Camus. Il faut pourtant voir ces vérités en face, sinon toutes les mesures correctives resteront vaines. Et il y aura un « ce n’était pas la dernière fois ». Tant que rien ne change, c’est que rien n’est fait. Pour conclure, je vais vous lire un texte qu’une ancienne élève a écrit après sa mort.
« Merci pour le travail que vous avez fait, vous m’avez enseigné l’histoire-géographie comme personne ne l’avait fait avant. Merci d’avoir été mon professeur pendant deux ans. Merci d’avoir été d’une certaine manière dans ma vie (on se voyait du lundi au vendredi, quand même). Merci pour ses blagues à la fin des cours, certes qui n’étaient pas vraiment drôles, mais, du moins, il essayait de faire en sorte que si on allait mal, ça pouvait nous remonter le moral. Merci, Monsieur, merci pour tout. »

Sommes-nous toujours libres de nous exprimer ? Je crois qu’en 2022 on n’aurait pas dû avoir à soulever ce débat.

Alors, vous, élèves et professeurs, montrez-nous, démontrez-nous qu’on peut encore répondre à cette question par un OUI. Pour… pour « la dernière fois ».

Merci.”

______________________

Et merci à vous d’avoir lu jusqu’au bout le témoignage et la réflexion de cette soeur d’un collègue décapité pour avoir, simplement, proposé à ses élèves un document pédagogique dans l’exercice de sa mission.

Avec mes respects.
C.S.

*

claustaire

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A propos du « rien n’est sacré » de Rushdie, voici le commentaire que pour ma part j’avais publié sur le site du Monde.fr

Claustaire
15/08/2022 – 19H00
Le “sacré” où l’on veut se protéger, se ressourcer individuellement, ou alors s’unir ou se fondre collectivement mérite le respect.

Mais comment, dans un même pays, faire communauté si le sacré des uns peut entraîner la condamnation à mort d’autrui pour sacrilège ?

L’Histoire ne nous a-t-elle pas encore appris que c’est toujours l’imposition du Sacré des uns au Sacré des autres qui a entraîné guerres civiles et ruines publiques ?

Or, quiconque prétendrait m’imposer son sacré ne me donne-t-il pas le légitime et sacrilège droit de résistance à ses prétentions ? Quiconque argue de son sacré dans une société qui ne partage pas sa croyance n’est-il pas un dangereux fauteur de guerre civile ?

*

desideriusminimus

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Bonjour Claustaire.

Et merci pour votre réponse qui manifeste votre sincérité et votre bonne foi.

Mais croyez-en la mienne si je vous dis, une fois de plus, qu’il n’est pas vrai que je fasse « le procès d’un mort ». Je crois que vous n’arrivez pas à saisir ce que je veux dire, et j’ose dire que je le comprends, car c’est peut-être en effet difficile.

Je n’ai aucun mal à approuver votre billet du Monde, que vous reproduisez dans votre dernier commentaire ci-dessus du 21/10. Mais en dépit de sa pertinence, il témoigne encore de cette incompréhension, car il ne concerne en rien ce dont je parle.

J’avais bien entendu lu aussi la lettre de la sœur de Samuel Paty que vous me présentez. Et, en dépit de tout le respect et l’empathie qu’elle m’inspire il me semble qu’elle témoigne elle aussi de cette « équivoque » dont je parle, et dont elle est victime, au même titre que Samuel Paty l’a été et que vous-même l’êtes.

Je parle de « victimes ». Car je le répète, je ne fais surtout pas le procès d’un mort et je ne vous « accuse » aucunement. Je dis et je répète que, dans cette affaire, bien des personnes sont des « victimes », et en particulier nombre d’enseignants de bonne foi.

Il me faut revenir sur ce que j’appelle « supercherie », car c’est de cela qu’ils sont – que nous sommes – victimes.

J’avais constaté dans un post déjà ancien,
https://stultitiaelaus.com/2015/12/18/de-christine-boutin-a-francois-en-passant-par-houellebecq-de-quelques-aventures-tragi-comiques-de-la-justice-et-de-la-semantique/
un extraordinaire – non, plutôt un très ordinaire, hélas – « deux poids deux mesures ».

Je reprends mes termes :


*
Une nouvelle qui ne manque pas de me réjouir :
http://www.lemonde.fr/famille-vie-privee/article/2015/12/18/christine-boutin-condamnee-a-5-000-euros-d-amende-pour-avoir-qualifie-l-homosexualite-d-abomination_4834809_1654468.html
car elle montre que la justice fait tout de même son travail.
Mais Stultitia, qui n’en rate pas une, comme on sait, me fait toutefois remarquer quelque chose d’étrange :
« Christine Boutin affirmait : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné ».
« Ce que l’on entend dans vos propos, c’est que les homosexuels sont une abomination », avait résumé le procureur, indiquant que le parquet avait reçu 500 plaintes de particuliers outrés après sa déclaration ».
Or, cette « dérive sémantique » qui étend à la communauté homosexuelle dans son ensemble le qualificatif « d’abomination » conféré par Mme Boutin à l’homosexualité en tant que telle, et qui justifie sa condamnation selon le procureur, est celle-là même qui avait été refusée par le procureur Béatrice Angeli lors du jugement de « l’affaire Houellebecq », justifiant alors le non-lieu :
« Considérer que, par une dérive sémantique, parler de l’islam, c’est parler de la communauté musulmane est un pas que nous ne pouvons pas franchir »,
avait-elle déclaré, lorsque l’écrivain était poursuivi pour « complicité de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de son appartenance à une religion » et « injure » par des associations musulmanes et la Ligue des droits de l’homme.
Ceci pour avoir exprimé, lors d’un entretien accordé en septembre 2001 au magazine Lire, son « mépris » à l’égard de l’islam ( Le Monde des 2 et 3 septembre 2001) « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré, effondré », déclarait-il notamment.
Les parties civiles représentant les associations musulmanes avaient alors affirmé que, pour elles, ce sont bien les musulmans qui étaient visés par l’écrivain et pas seulement leur religion.
Deux poids, deux mesures, donc.
*

Nous sommes là au cœur du problème : comment se fait-il qu’une telle incohérence flagrante n’ait été relevée par personne, hormis quelques mauvais penseurs comme votre serviteur ?

Il faudrait parler ici d’habitus, d’un conditionnement dont nous sommes encore les victimes qui fait que, si les juifs, les noirs, les homosexuels, les femmes, ont obtenu de haute lutte, même si elle n’est hélas que partielle, la reconnaissance de leurs droits et le respect de leur dignité, qu’on le veuille ou non, c’est un constat qui résulte de toutes les études sociologiques sur la discrimination (à l’embauche, au logement, etc.) et dont peut attester tout enseignant tant soit peu à l’écoute de ses élèves d’origine maghrébine et/ou musulmans, le bougnoule chez nous demeure le bougnoule, et encore plus si le bougnoule est musulman (voir à ce sujet le texte d’Alain Ruscio cité en lien dans ma réponse précédente).

C’est la raison pour laquelle, comme au XIXème les grasses plaisanteries sur les petites bonnes bretonnes, par essence stupides bécassines, suscitaient la rigolade du bourgeois, au XXIème encore, on suscite la rigolade en représentant des imams (précisons : il ne s’agit aucunement d’imams intégristes, mais des imams « en soi ») en train d’enculer des chèvres, ou des musulmanes en train de prier, le cul dénudé, tournées vers la « mère mecquerelle ».

C’est la raison pour laquelle, en dépit du caractère profondément inepte, honteux et discriminatoire de telles représentations, elles ne sont pas sanctionnées, pas plus que les imbécillités ignares de M. Houellebecq (pensez-vous qu’il ait jamais lu un seul mot d’Averroès ou de Jacques Berque ?).
Alors même que les remarques de Mme Boutin – mot pour mot comparables – le sont, simplement parce que l’homosexualité a acquis – fort légitimement – des lettres de noblesse que l’islam des bougnoules ne peut revendiquer devant les tribunaux ou la société.

La supercherie dont nous sommes victimes à des degrés divers, c’est que des séquelles évidentes d’une pensée raciste, européocentrée, etc. (cf. encore là-dessus Alain Ruscio et d’autres), se prennent pour la manifestation même de la liberté d’expression, tant l’habitus est profondément ancré, y compris dans une certaine intelligentsia.

« Il faut s’accrocher et il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobes ». Ben voyons ! Et pourquoi pas d’antisémites ou d’homophobes ?
On le sait, certains ne s’en privent pas pour autant, car l’habitus est encore bien ancré et ne demande qu’à se désinhiber en dépit des combats qui l’ont partiellement refoulé. Mais pour le moment, le youpin et le pédé sont plus difficiles à évoquer. Alors que le bougnoule, lui, demeure une valeur sûre et continue à faire rigoler quand on le voit le cul à l’air ou en train d’enculer des chèvres.
Ce qui est, bien évidemment, le summum de la liberté d’expression.

Le « corpus pédagogique proposé par l’E.N. pour l’enseignement en question (la liberté d’expression, donc) » devrait obligatoirement commencer par une explication et une mise en perspective critique, historique, sociologique et culturelle, du genre de celle que je viens de proposer ci-dessus.

Et donc, plutôt que de se limiter à une approche binaire quelque peu simpliste, il faudrait expliquer pourquoi, de façon totalement incohérente, des caricatures ou propos qui contreviennent à l’évidence aux termes mêmes de la loi française concernant la liberté d’expression ne sont pas sanctionnées dans certains cas (Houellebecq, Charlie, etc.), alors qu’ils le sont légitimement dans d’autres (Boutin, etc.).

Or, cela n’est jamais fait. Ce n’est pas prévu dans le « corpus », tant la force de l’habitus est considérable, y compris dans l’Éducation Nationale. Et c’est bien pourquoi, manquant d’une réflexion construite et d’instruments pédagogiques à la hauteur, les enseignants sont en fait démunis et désarmés pour envisager le problème dans ses dimensions complexes, et sont les victimes, comme vous et moi, de cet habitus qui nous conditionne encore, alors que la première urgence serait de le dénoncer et de le démonter pour qu’enfin une laïcité pacifiante et respectueuse puisse voir le jour. Pourquoi ne pas utiliser dans ce but des études d’historiens reconnus comme Alain Ruscio mentionné plus haut, Jean Baubérot, ou encore le texte d’Olivier Cyran faisant l’historique de quelques dérives de Charlie, plutôt que de restreindre les supports à quelques documents ambigus considérés comme parole d’Évangile ?

N’oublions pas que parmi les partisans actuellement les plus intransigeants de ce qu’ils nomment « laïcité », on trouve une extrême droite qui l’instrumentalise à sens unique contre les musulmans.

Ainsi, pour « Riposte Laïque » la bien nommée, Gregorius Neckschot, grand copain de Charlie comme nous l’avons vu, devient le héraut persécuté de la liberté d’expression.

Bel exemple qui montre comment, à défaut d’une approche critique, elle peut être instrumentalisée au service de causes plus que douteuses.

Il ne suffit donc pas de s’en réclamer dans l’abstrait. Encore faut-il être vigilants et conscients que, dans le monde complexe qui est le nôtre, elle peut véhiculer bien des ambiguïtés dont nous sommes parfois les victimes.

Il ne faut cependant pas être naïf : cette vigilance ne résoudra pas les problèmes pour autant. Nombre des musulmans ou non musulmans critiques de l’islamisme d’une façon intelligente et informée ont perdu la vie pour cela, tel Muhammad Mahmoud Taha exécuté par les intégristes au Soudan du fait de ses positions critiques concernant leur simplisme herméneutique, etc. etc. etc.

Ajout du 23/10 : Ne nous illusionnons donc pas : de telles clarifications indispensables n’entameront en rien la détermination des assassins extrémistes prompts à utiliser tous les prétextes possibles. Mais le fait que le réel caractère insultant et discriminatoire de certains discours ou caricatures soit officiellement reconnu comme tel devant l’opinion et la justice constituera pour beaucoup de jeunes musulmans en particulier une incitation puissante à se détourner des discours de recruteurs qui reposent essentiellement sur la dénonciation de la stigmatisation, de l’humiliation et de l’injustice – souvent avérées, donc – qu’ils subissent de la part des كفار , des kuffar (non-musulmans).

Pour ma part, le combat pour la liberté d’expression, comme pour une laïcité digne et digne de ce nom me semble être aussi une question d’honneur. Il n’est pas indépendant des moyens qu’on emploie pour les défendre.

Un spécialiste du monde anglo-saxon (son nom m’échappe pour le moment) expliquait que si les anglais n’ont pas publié ou peu les caricatures de Mahomet, ce n’est absolument pas par peur, comme voudraient le faire croire des français fiers de leur « courage » cocoricotesque.

C’est simplement parce que chez eux, le respect de la « common decency » à laquelle vous faites allusion, base de la convivence sociale, prime sur le sensationnalisme populiste et délétère de la grossièreté facile et méprisante.

Question d’habitus peut-être. Mais celui-ci-en vaut bien un autre.

Cordialement à vous.
Avec tout mon respect.
desideriusminimus

15 commentaires sur “Encore sur la liberté d’expression. Qu’elle ne peut se réduire à une proclamation abstraite, mais qu’elle exige une analyse critique préalable du contexte dans lequel elle s’exerce.

  1. Ce qui fait débat entre nous, dans le contexte qui est le nôtre, n’est pas que des caricatures puissent, à juste titre, être jugées immondes, diffamatoires, racistes, honteuses, ignobles, etc. et donc susceptibles d’être (à la fois légitimement et légalement) sanctionnées par la loi ou au moins condamnées par la décence commune, mais le fait que certains (au nom d’une loi communautaire ou religieuse qu’ils estiment supérieure à tout) s’autorisent à tuer pour un dessin ou un roman (voire parfois un mot), et se trouvent des braves gens pour les comprendre (sans évidemment toujours les justifier, reconnaissons-le) et/ou accuser leurs victimes de ne pas être pour rien dans ce qui leur est arrivé.

    Je vois mal quelle “équivoque” pourrait être reprochée à Samuel PATY, d’une part parce que lui-même n’est plus là pour lever cette équivoque que d’aucuns lui reprochent, d’autre part parce que des témoignages (dignes de foi) recueillis depuis son assassinat confirment le grand souci de ne pas choquer de cet enseignant qui, dans le cadre d’un programme et d’un cours sur ‘la liberté d’expression”, voulait justement mettre cette liberté en question devant et avec ses élèves en leur présentant un des dessins des plus choquants reprochés à Charlie afin de pouvoir leur demander si, selon eux, la liberté d’expression pouvait aller jusqu’à de telles provocations (dont il invitait même les élèves susceptibles d’être choqués de détourner les yeux).

    D’ailleurs ce n’est pas la présentation de ce dessin qui aura déclenché la mécanique en réseau débouchant sur la mort de Samuel PATY, mais les mensonges d’une élève absente à ce cours, et les procès d’intention qui lui furent ensuite faits par des manipulateurs islamistes…

    “le combat pour une laïcité digne me semble être aussi une question d’honneur”, rappelez-vous.

    Le combat contre l’islamisme n’est pas ou ne doit pas selon moi être engagé au nom de la laïcité (garante des libertés de croire ou de ne pas croire, garante du droit à rendre publiques ses convictions et croyances aussi bien religieuses qu’irréligieuses, dans la seule limite du respect d’un ordre public lui-même pas toujours clairement cadré, ou dans le respect d’une loi -par exemple celle de 2007 interdisant le prosélytisme religieux en milieu scolaire) mais plutôt au nom de la légitime résistance que l’on peut ou doit, en tant que démocrate, opposer à tout cléricalisme d’emprise sociale, culturelle ou politique se rêvant théocratie, de même que tout totalitarisme idéologique appelle la légitime résistance qui doit s’opposer à lui.

    Certes, cela suppose qu’on ne confonde pas islam (religion) et islamisme (idéologie), qu’on ne confonde pas pratique d’une religion voire simple identification à une communauté d’origine et à ses habitus culturels et prosélytisme religieux ou militance idéologique. Ce qui dit ainsi semble clair, mais peut impliquer de difficiles et quasi insolubles casuistiques (si nombreuses que je ne veux pas les illustrer ici), tant il est des pratiques que les uns estimeront relever d’une simple tradition (vestimentaire, par exemple) et les autres du prosélytisme (militance ostentatoire à laquelle on doit être libre de pouvoir opposer une militance antagoniste).

    On doit pouvoir dénoncer la “supercherie” de gens condamnant l’homosexualité comme une maladie ou une dégénérescence mais prétendant ne rien reprocher aux homosexuels qui en seraient victimes… tout en dénonçant le morbide penchant qui les pousserait à induire autrui en tentation, répandant ainsi la contagion de leur dégénération, etc. Le tout finissant sur des bûchers ou dans des fours, comme l’histoire nous l’enseigne.

    Ne doit-on pas, pour autant, pouvoir critiquer une idéologie sans passer ipso facto comme insultant les victimes de cette idéologie. critiquer l’islamisme sans passer d’office pour des ennemis de nos concitoyens musulmans, critiquer le stalinisme sans passer ipso facto comme l’ennemi de ses voisins communistes, critiquer le nazisme sans accuser tous les Allemands d’être nazis ? Molière dénonçant Tartuffe ou les intrigues du parti des dévots a-t-il fait preuve de christianophobie ?

    Accuser d’islamophobie, c-à-d de racisme antimusulmans toute critique du prosélytisme islamique et de ses dérives totalitaires ou terroristes revient de fait à assimiler tout musulman à un islamiste. C’est l’erreur de toute cette gauche dénonçant comme “guerre aux musulmans” la résistance intellectuelle ou idéologique à l’idéologie islamiste et ses dérives totalitaires.

    Ce qui n’empêche pas de savoir à quel point subsiste encore en notre pays un insupportable racisme anti-arabe ou anti-maghrébin. Mais peu importe à ces racistes que ‘l’arabe’ soit ou nom musulman (pratiquant ou apostat), qu’il soit ‘arabe’ leur suffit. Le racisme ‘au faciès’ implique d’ailleurs que peu importent les actes, les pensées ou les croyances de celui qui en est victime dès l’abord physique.

    Là où se trouve la dangereuse perversion que cultivent les procès en islamophobie, c’est de contribuer à la propagande amalgameuse (propre à la fois aux islamistes ou à leurs alliés et aux racistes anti-arabes) expliquant que tout arabe ou maghrébin ‘de faciès’ serait forcément un musulman pratiquant et potentiel complice des islamistes qui ne pourrait qu’être révolté des résistances opposées à l’islamisme, alors qu’en fait il pourrait être lui-même un ennemi ou une victime du prosélytisme islamiste. Vous rappelez d’ailleurs à juste titre combien d’intellectuels ou même de musulmans lambda sont victimes du totalitarisme islamique lorsqu’ils le dénoncent ou, juste, lui “manquent de respect.”

    Mais bon, en voici assez pour cette fois.
    Bien à vous.
    C.S.

  2. Bonsoir Claustaire,

    Peut-être les choses avancent-elles.

    Je suis en effet d’accord sur une bonne partie de votre réflexion.

    Mais il reste des points que je ne peux accepter,
    Vous dites : « Ce qui fait débat entre nous, dans le contexte qui est le nôtre, n’est pas que des caricatures (etc…) mais le fait que certains (au nom d’une loi communautaire ou religieuse qu’ils estiment supérieure à tout) s’autorisent à tuer pour un dessin ou un roman (voire parfois un mot), et se trouvent des braves gens pour les comprendre (sans évidemment toujours les justifier, reconnaissons-le) et/ou accuser leurs victimes de ne pas être pour rien dans ce qui leur est arrivé ».

    Encore une fois, je n’ai jamais écrit de telles choses, J’ai toujours condamné sans équivoque les assassinats des islamistes en les qualifiant de totalement injustifiables.
    Relisez en particulier le post
    https://stultitiaelaus.com/2014/11/21/conversion-contre-lislam-versus-conversion-a-lislam-et-de-la-conversion-a-lhermeneutique-comme-condition-prealable-reflechir-avec-youssef-seddik/
    à propos de l’ignoble assassinat d’ Abdul-Rahman Kassig, que j’avais publié avant même l’attentat de Charlie, et où je félicitais les « braves gens » qui avaient le courage de radicalement le condamner.

    Et, encore une fois, je n’ai jamais « accusé leurs victimes de ne pas être pour rien dans ce qui leur est arrivé », puisque je me tue à affirmer que Samuel Paty n’est surtout pas « accusé », mais en fait « doublement victime », ce que vous vous refusez à comprendre, sans doute parce qu’il vous est commode de m’assimiler à une position qui vous arrange.

    Cette position que vous ne supportez pas de ma part, c’est le fait que je ne partage pas le point de vue des hagiographes, de Charlie en particulier ; c’est mon refus d’adhérer à cette position « officielle », absolument pas remise en question malgré vos dire, et que vous partagez : celle qui consiste en la sanctuarisation de Charlie.

    Vous publiez sur votre blog, à juste raison, la plaidoirie en faveur de la liberté d’expression prononcée par Me Malka au procès de Charlie, avec ce sous-titre qu’en extrait le journal Le Monde : “Charlie” est devenu une idée. On ne la tuera plus ».

    On peut lire encore dans les extraits publiés par l’article du journal :
    « Cette histoire des caricatures, il faut la connaître. Il faut la répéter, il faut l’enseigner » (…).
    « On nous reproche des caricatures des religions. Mais en réalité, nous n’en avons jamais fait. Ce n’est pas vrai. Toutes les caricatures dont nous avons parlé ici ne sont pas des caricatures de la religion, ce sont des caricatures du fanatisme religieux, de l’irruption de la religion dans le monde politique » (…).
    « Sous la houlette de Philippe Val, ce journal est devenu une pépinière de talents » (…).
    « Charlie est devenu une idée. Et Charlie pourrait disparaître aujourd’hui, cette idée vivrait encore. On ne peut pas tuer une idée, c’est pas la peine d’essayer. Charlie Hebdo, vous en avez fait un symbole ! Vous en avez fait une idée ! On ne la tuera plus ».
    etc. etc.

    De mon côté, j’avais bien précisé, quelques jours après les attentats de 2015 : « Je reste bien sûr Charlie. Mais il y a Charlie et Charlie… ».

    Je reste Charlie car personne ne peut être lâchement assassiné, sous quelque prétexte que ce soit.
    Et aussi car j’ai bien sûr aimé Cabu, Gébé, Topor, Wolinski, Reiser, ou encore Cavanna et Choron, tous artisans d’un journal, dont on pouvait saluer « l’inconvenance grossière et provocatrice, l’irrévérence sarcastique sur le bon goût desquelles l’appréciation de chacun reste libre, qui ne peuvent être perçues sans tenir compte de leur ¬vocation ouvertement satirique et humoristique, qui permet des exagérations, des déformations et des présentations ironiques ».
    Toutes choses qui répondaient aux caractéristiques définies par la loi d’un journal satirique et humoristique.

    Mais la belle emphase homilétique de Mgr. Malka oublie dans son martyrologe que, comme le documente avec précision Olivier Cyran, à partir de 2001 et la montée de Philippe Val et sa « pépinière de talents », Caroline Fourest en particulier, un tournant a été pris, qu’il serait difficile de qualifier autrement qu’islamophobe, comme en témoignent à l’évidence les caricatures reproduites ci-dessus.

    Et je ne serai jamais de ce Charlie là.

    Rappelons que, contrairement aux propos de Me Malka affirmant, au nom de Charlie qu’ « on nous reproche des caricatures des religions. Mais en réalité, nous n’en avons jamais fait. Ce n’est pas vrai. Toutes les caricatures dont nous avons parlé ici ne sont pas des caricatures de la religion, ce sont des caricatures du fanatisme religieux » de telles caricatures ne stigmatisent pas seulement les islamistes, mais bien les musulmans de base, puisque ce sont bien des imams « de base » qui enculent des chèvres, ou l’appel d’un muezzin « de base » qui fait se tordre de rire la rédaction de Charlie.

    Alors cette « histoire des caricatures », qu’il faut pour Me Malka et ceux qui pensent comme lui « connaître », « répéter », « enseigner », laquelle est-ce donc ?

    Est-ce par ignorance, oubli, ou bien par mensonge, délibéré ou par omission, qu’elle ne fait pas état, dans l’homélie, des dessins exposés ci-dessus qui manifestement relèvent des articles 24, 29 et 32 du chapitre IV de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (Version consolidée au 09 janvier 2015) que tout avocat doit connaître, qui sanctionnent « ceux qui (…) auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion » ?

    Plus précisément, laquelle de ces « histoires » doit-on « enseigner » ?

    La transparence est fort heureusement devenue, de notre temps, une vertu journalistique et politique.

    Il faudrait alors avoir le courage élémentaire d’appeler un chat un chat, et donc de reconnaître que cette « Idée » qu’est devenue Charlie, ce « symbole », sont peut-être un peu moins propres qu’ils en ont l’air, et qu’il aurait fallu en faire, dans l’homélie en question, un minimum d’analyse critique.
    Ce serait la moindre des honnêtetés. Celle qu’on attend en particulier d’un représentant du Droit.
    À moins de se contenter de cacher délibérément la poussière sous le tapis, ce qui relève du mensonge et de la manipulation, pas si éloignés en fait de la stratégie idéologique de « Riposte laïque » telle qu’elle est exposée dans le lien mentionné dans ma réponse précédente.

    Mais alors, faudrait-il dire qu’on a le droit, il s’agit même d’un devoir d’après l’homélie en question, « d’enseigner » un mensonge ?
    Peut-être comprenez-vous mieux maintenant ce que j’entends par « supercherie » ?

    Pour ma part, je pense que cette supercherie est réelle, et qu’elle a été entretenue, avant l’attentat contre Charlie par une désinvolture délibérée et sans doute complice des autorités, judiciaires en particulier, devant des résurgences islamophobes qu’explique très bien l’article d’Alain Ruscio en lien dans ma réponse précédente.

    Puis, après l’attentat, par cette sanctuarisation qui a fait de Charlie une Idole Sacrée, Symbole désormais indéboulonnable d’une « liberté d’expression » dont on préfère ne pas voir ni surtout expliquer le caractère foncièrement ambigu.

    Parce que, désolé, mais je ne vois nulle part de véritable mise en question critique de cette « vache sacrée ».
    Ni du côté de l’institution juridique, qui adhère en bloc aux omissions du genre de celles de Me Malka concernant Charlie. Ni du côté des politiques qui projettent les caricatures de Mahomet sur l’Hôtel de Région de Toulouse ou d’ailleurs sans aucun appel à une réflexion préalable. Ni du côté du « réseau Canopé » de l’Éducation Nationale, lorsqu’elle entend « enseigner » les caricatures, sans aucune allusion au fait qu’il y aurait peut-être deux Charlie, et que l’un peut cacher l’autre.

    Entendons-nous bien : ce n’est pas parce que Charlie a pu être, preuves à l’appui, odieusement islamophobe que quiconque aurait le droit d’en assassiner les caricaturistes.
    Mon discours concerne essentiellement la question de la cohérence et du respect des lois, de leur crédibilité ainsi que ce que je persévère à nommer l’honneur, celui du droit en l’occurrence.

    Car on ne pourra faire respecter la loi qui défend la liberté d’expression que globalement, que lorsqu’on fera respecter, dans le même temps, sa composante qui sanctionne la provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion ».

    Or, en dépit de quelques avancées (celles concernant les condamnations d’E. Zemmour en particulier), c’est loin d’être toujours le cas, et « l’affaire Charlie » en est un exemple flagrant.

    Supercherie ? Oui, je pense que pour les raisons susdites, il s’agit bien pour certains d’une manipulation idéologique délibérée, encore une fois pas si éloignée de celle que nous propose « Riposte laïque », même si elle provient d’autres bords.

    Équivoque ? J’aime à penser que, dans la majorité des cas, il s’agit plutôt de cela.
    Que la force de l’habitus dont je parlais dans ma réponse précédente fait que bien des gens sont victimes, sans trop s’en rendre compte d’une doxa, d’un discours standard que tant de faits paraissent corroborer (sanctuarisation de Charlie par les médias, discours des politiques, de l’Éducation Nationale, etc.), qu’ils ne peuvent remettre en question la croyance que les caricatures de Charlie sont l’expression même de la liberté d’expression, et que les « enseigner », comme l’affirme Me Malka, fait partie intégrante de sa défense.

    Avec tout le respect et l’empathie que je lui dois, la sœur de Samuel Paty s’enferme en ce sens dans une alternative dont les termes sont insuffisants :
    « Faut-il ne pas publier ces caricatures pour éviter la violence ou faut-il publier ces caricatures pour faire vivre la liberté » ?
    La réponse étant qu’il faut publier des caricatures, y compris les plus mordantes, qui respectent les termes de la loi, car ce sont elles qui effectivement font vivre la liberté, mais refuser celles qui vont à l’encontre de la loi et propagent la discrimination, la haine ou méprisent la dignité des personnes.
    Nul de devrait pouvoir ignorer cette loi.

    Mais cela demande un constant effort de discernement, alors que beaucoup d’entre nous sont victimes d’un environnement médiatique, intellectuel, socio-culturel qui ne permet pas d’effectuer ce travail critique.

    C’est en ce sens que je disais, et que je répète, que Samuel Paty a été doublement victime.

    D’ignobles assassins qui, encore une fois, ne peuvent se prévaloir d’aucune justification.
    Et d’une doxa, d’une pensée unique qui nous fait considérer, Éducation Nationale à l’appui, que certaines productions pourraient être un recours pour enseigner une valeur dont elles sont en bonne partie la négation.

    Car Charlie aurait besoin d’un très sérieux examen de conscience et d’une bonne cure de transparence afin de redevenir Charlie.

    Cordialement à vous.

  3. Bonjour d’un mardi (jour de Mars ?),

    Donc je trouverais commode de vous ranger parmi les personnes qui ne sont “pas des hagiographes de Charlie” (pour reprendre votre litote) alors que c’est vous-même qui vous y rangez, non ?
    Mais à quoi m’aurait servi cette “commodité” ?

    J’avais en effet bien compris que vous n’aimiez pas (ne supportiez ?) pas l’esprit bête et méchant de Charlie, ni son “islamophobie”, ni la vulgarité voire le racisme de ses caricatures. Mais je fréquente bien des gens (voire des amis) qui ne lisent ni n’apprécient Charlie et même ne manquent pas de le mettre en procès dès qu’ils le peuvent.

    La “sanctuarisation” de Charlie après la dimension mondiale de l’attentat dont il a été victime, reconnaissons que ce ne sont pas les rédacteurs massacrés le 7 janvier 2015 qui la souhaitaient…

    Maintenant, victime d’un attentat sans précédent dans l’histoire du journalisme mondial, n’est-il pas normal sinon fatal que Charlie soit devenu le symbole d’une liberté de la presse martyrisée par le fanatisme religieux ?

    Devenu ainsi un symbole voire un martyr, on est (fatalement) contaminé (irradié ?) par du sacré ou du tabou. En tout cas, on prend une dimension historique qui fait de votre sort quelque chose qui vous dépasse.

    Les caricatures de Charlie (celles au vu ou au prétexte desquelles sa rédaction a été massacrée) sont devenues des documents historiques, des pièces à convictions historiques (si odieuses soient-elles) qu’on ne peut pas ne pas citer ou montrer dès qu’on voudrait faire étudier l’histoire contemporaine de la liberté d’expression (ou juste l’illustrer). [On sait que l’histoire de la guerre du Vietnam (notamment des oppositions qui s’y manifestèrent) ne peut pas faire l’impasse sur l’atroce photo – que nul n’oserait sans doute plus publier de nos jours- de la fillette nue courant vers nous pour échapper à la noire nuée d’un bombardement au napalm US.]

    Au vu des informations dont je dispose, Samuel PATY, dans le cadre de son cours sur la liberté d’expression, s’est servi d’une des caricatures ‘charliesques’ (la rime en grotesque me convient) proposées dans le corpus officiel des documents de l’E.N. Il ne participait donc pas de quelque rite, culte ou propagande mais proposait seulement à ses élèves de se frotter, via cette caricature, à la fois à un ‘scandalon’ (ce sur quoi on peut trébucher) et à un ‘pharmakon’ (le remède qui peut être poison, le poison qui peut être remède. Sans se douter, hélas, qu’il deviendrait lui-même le bouc émissaire qu’on peut charger de toutes les fautes et envoyer paître le sable.
    Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pharmakos )

    [Matthieu, 18 ; 7 : “Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive !”]

    Sur le procès que vous faites à Charlie et à son avocat, doit-on s’étonner qu’un avocat ne se conduise pas en juge ? Doit-on s’étonner que Malka défende Charlie avec les arguments qu’il trouve utiles pour sa démonstration relève de la cohérence d’une plaidoirie : peut-on reprocher à une partie prenante de prendre parti ?

    Si votre discours “concerne essentiellement la question de la cohérence et du respect des lois, de leur crédibilité ainsi que ce que je persévère à nommer l’honneur, celui du droit en l’occurrence”, pourquoi refusez-vous d’acter que, plus d’une fois, Charlie a bien été mis en examen et en jugement, et que, plus d’une fois, c’est justement au nom de notre droit qu’il a été relaxé ?

    Lors d’un précédent commentaire (il y a deux ans), il me semble que je vous avais déjà reproché ce paradoxe : en appeler au droit pour faire juger le méchant, mais estimer ensuite que le droit aurait été bafoué parce qu’il n’aurait pas été conforme à vos attentes.

    Pour le reste de votre réponse, et le procès que vous estimez légitime de faire ou refaire à Charlie jusqu’à ce que celui-ci vienne à résipiscence, plus précisément à un “examen de conscience” (incombant au pauvre pécheur avant sa confession devant une autorité religieuse voire quelque sainte inquisition), je n’y reviens pas : comme dit, on a le droit de détester Charlie, voire de le traîner en justice, mais, justice rendue au nom du Droit même qu’on invoque, perseverare diabolicum.

    Reste Samuel PATY, assassiné, dont même un rapport de l’IG de l’EN fait le procès des “maladresses” sans l’avoir jamais entendu. Ce que je vous reproche depuis le début : être de ceux qui ont fait le procès d’un mort qui n’était plus là pour se défendre ni même pour être entendu comme ‘témoin assisté’ (ce qu’il ne fut, hélas, guère), ce qui, me semble-t-il, est contraire aux plus élémentaires notions d’un Droit que par ailleurs vous affirmez si précieux.

    Bref, sur ce point, sur lequel je me suis permis de vous interpeller il y a deux ans, et sur lequel nous avons déjà beaucoup échangé, nous n’avons pas avancé. Désolé.

    Même si par ailleurs, lisant ou relisant de temps en temps votre blog, j’en partage pour l’essentiel l’esprit, les analyses et les valeurs.

    Avec mes respects.

  4. PS : j’ai oublié de vous mettre le lien précisant que selon la CEDH (et quoi qu’en pense un François Héran) « la liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Article_10_de_la_Convention_europ%C3%A9enne_des_droits_de_l%27homme

  5. Bonsoir Claustaire.

    Je dois dire que je suis tout de même étonné par votre acharnement à ne pas me lire, ou à tordre mes arguments pour ne suivre que votre idée.
    Une nouvelle fois, donc :

    « J’avais en effet bien compris que vous n’aimiez pas (ne supportiez ?) pas l’esprit bête et méchant de Charlie, ni son “islamophobie”, ni la vulgarité voire le racisme de ses caricatures ».
    Lisez moi donc : j’ai dit et répété que « Je suis Charlie, mais qu’il y a Charlie et Charlie ». Je dis dans ma dernière réponse que « je suis Charlie », parce que je n’ai jamais rien eu contre le Charlie de Reiser, Wolinski, etc. ni contre l’éventuelle vulgarité de leurs caricatures. Il en faut plus pour me choquer.
    Par contre, en effet, je ne suis plus Charlie lorsqu’il est islamophobe et/ou raciste. Cela ne peut absolument pas être mis sur le même plan, comme vous le faites, que des caricatures vulgaires. Pas besoin pour moi de mettre des guillemets à islamophobe, car franchement, si vous estimez que cautionner des caricatures représentant des imams enculant des chèvres n’est pas faire preuve d’islamophobie, qu’est-ce donc qui le sera ? Pensez-vous que représenter un rabbin enculant des brebis aurait des chances d’échapper à la juste accusation d’antisémitisme, ou un homosexuel baisant avec une tête de cochon à celle d’homophobie ?
    Donc, en effet, je ne suis pas de ce Charlie-là, et je dois reconnaître que j’en suis fier.

    « La “sanctuarisation” de Charlie après la dimension mondiale de l’attentat dont il a été victime, reconnaissons que ce ne sont pas les rédacteurs massacrés le 7 janvier 2015 qui la souhaitaient… ».
    Certes. Mais qui donc la souhaite et l’entretient alors ?
    Si M. Zemmour ou M. Soral (qui sont loin d’être ma tasse de thé) étaient victimes d’un ignoble assassinat extrémiste, je dénoncerais aussitôt, comme je l’ai fait pour Charlie, une telle ignominie absolument inadmissible, car comme je le dis et le répète, rien ne justifie un assassinat.
    Mais je ne vois pas au nom de quoi ces assassinats injustifiables devraient élever leur pensée au rang de « symbole » d’une « liberté d’expression » qui ne serait plus susceptible d’aucune critique. M. Zemmour et Soral sont des islamophobes et des racistes bon teint, même si leur production n’a jamais atteint l’ignominie de certaines caricatures de Charlie. Point. N’allons pas faire « connaître » leurs doctrines, les « répéter », les « enseigner » dans les écoles, ou les projeter sur les Hôtels de Région, ni leur faire prendre une quelconque « dimension historique » même si certains n’attendent que cela.

    Quant à la photo de la petite vietnamienne nue, ne mélangez pas tout, s’il vous plait. Sa publication n’a rien à voir avec quelque racisme que ce soit, mais avec une légitime dénonciation des horreurs de la guerre, et sa publication, comme d’autres tout aussi fortes qui concernent les atrocités des guerres actuelles, n’a pas à être remise en question.

    Pour ce qui est de l’utilisation par Samuel Paty d’une documentation émanant du « corpus officiel des documents de l’E.N », j’ai déjà répondu plus haut. Avec les médias et les politiques, l’E.N. est en effet l’une des responsables de la « supercherie » de la sanctuarisation hagiographique, qui a abouti à mettre au rang de matériel pédagogique des éléments qui n’ont aucune raison de l’être. Pourquoi se servir de Dieudonné, Soral ou Zemmour pour documenter la liberté d’expression ? Ils seraient plus à leur place pour documenter l’antisémitisme, le racisme, l’islamophobie ou la xénophobie.

    « Sur le procès que vous faites à Charlie et à son avocat, doit-on s’étonner qu’un avocat ne se conduise pas en juge ? Doit-on s’étonner que Malka défende Charlie avec les arguments qu’il trouve utiles pour sa démonstration relève de la cohérence d’une plaidoirie : peut-on reprocher à une partie prenante de prendre parti ? »
    Oui, on doit s’en étonner. On doit s’étonner qu’un avocat fasse mine d’ignorer le droit, ou bien pratique le mensonge, qu’il soit délibéré ou par omission.
    Une seule phrase ou deux auraient pu sauver la situation, ainsi que l’honneur d’un tel avocat. Par exemple du type : « Nous savons que les abjectes caricatures islamophobes de Charlie ne peuvent en faire en aucune manière un modèle de la liberté d’expression et qu’elles auraient dû être sanctionnées par la loi en vigueur. Néanmoins, quoi qu’une personne ou un groupe de personnes aient pu dessiner ou écrire, rien ne peut justifier la lâcheté d’un ignoble assassinat ».
    La vérité et l’honneur y auraient gagné, et la promotion de la supercherie aurait été évitée. Ce n’est pas parce que bien des avocats utilisent en effet les mensonges parmi « les arguments qu’ils trouvent utiles » que cela doit être considéré comme une pratique légitime pour ce qui est du Droit.

    Quant au fait que je refuse « d’acter que, plus d’une fois, Charlie a bien été mis en examen et en jugement, et que, plus d’une fois, c’est justement au nom de notre droit qu’il a été relaxé », nous en avons en effet déjà parlé, et je vous fais la même réponse.
    Peut-être dans votre belle naïveté n’avez-vous pas remarqué qu’il a fallu du temps et bien des luttes pour que des MM. Weinstein ou Matzneff et bien d’autres soient dénoncés et/ou condamnés ? Que pendant des décennies les plaintes émises par des femmes agressées ou harcelées n’ont pas été prises au sérieux par la police ou la justice ? Ceci du fait, entre autres, d’un habitus machiste très semblable à l’habitus islamophobe que j’ai documenté dans mes réponses ci-dessus, qui va jusqu’à nier l’existence même de l’islamophobie contre toutes preuves historiques, enquêtes sociologiques, résultats électoraux, etc.
    C’est bien pour cela que l’islamophobie manifeste de Charlie, tout comme celle de Houellebecq et tant d’autres n’ont pas été sanctionnées alors que, je vous repose la question : si le fait de représenter des musulmans en train d’enculer des chèvres ou de baiser des têtes de porc n’a rien d’islamophobe, n’a rien à voir avec la loi française qui sanctionne la provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion », qu’est-ce donc qui le sera ?

    Pour ma part, tout comme j’ai passé ma vie dans les combats antiracistes, dans la défense des droits des femmes, je soutiens celles et ceux qui effectivement travaillent à « la cohérence et au respect des lois, de leur crédibilité », en cherchant à donner sa juste place à la revendication légitime d’une communauté qui se voit encore quotidiennement discriminée, moquée et humiliée, et souvent ignorée par la justice du fait des raisons historiques et sociologiques que j’ai exposées entre autres dans mes réponses précédentes.

    Quant à « l’examen de conscience » qu’effectivement je demande à Charlie, et qui me réconcilierait avec lui s’il était effectué, en dépit de votre ridicule allusion à la confession, il caractérise les gens capables d’évaluer leurs pensées et leurs actes et qui reconnaissent qu’ils ont pu se tromper. Il s’agit là d’une simple attitude d’humilité et d’honnêteté qui ne semble pas hélas à la portée de tout le monde.
    Tout comme le fait de ne pas reconnaître votre erreur lorsque je vous explique par A+B depuis des années que je n’ai jamais fait « le procès d’un mort ».
    « Perseverare diabolicum », dites-vous ?

    Pour ce qui est de votre PS, il s’agit d’un simple rappel de la loi française, que je cite depuis des années dans mes posts, et que M. Héran connaît parfaitement. Prenez la peine de le lire plutôt que de lui faire un procès d’intention.
    ­Si effectivement l’arrêt de 1976 de la Cour européenne des Droits de l’Homme, que vous semblez découvrir, souligne les prérogatives de la liberté d’expression, il ne s’oppose nullement à la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (Version consolidée au 09 janvier 2015) qui stipule (chapitre IV, art. 24) que « Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement ».
    Pourquoi donc cet ajout de votre part ?
    Voulez-vous suggérer que le racisme et l’islamophobie font partie de la liste « des informations ou idées (…) qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population » que tolère la liberté d’expression ?

    Cordialement.

    PS. Ajout du 27/10 : Conformément à ce que je disais ci-dessus à propos de François Héran, ce dernier cite dans son intégralité, dans sa « Lettre aux professeurs d’histoire-géographie » du 30 octobre 2020 dans la Vie des Idées « le fameux arrêt Handyside, rendu le 7 décembre 1976 par la Cour européenne des droits de l’homme », qu’il connaît donc parfaitement :
    « La liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, l’une des conditions primordiales de son progrès et de l’épanouissement de chacun. Sous réserve des restrictions mentionnées notamment dans l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, elle vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’y a pas de société démocratique. »
    Un peu d’information ne peut nuire à la réflexion.

  6. Une fois de plus, vous vous en tirez par une pirouette pour éviter de répondre aux questions qui vous dérangent.
    Mais cela ne suffit pas. Et si on peut certes comprendre Rushdie, cette réflexion un peu facile est bien loin d’épuiser le sujet (Cf. sur le même thème les supercheries de Caroline Fourest que j’avais dénoncées jadis :
    https://stultitiaelaus.com/2016/03/02/dune-desinhibition-de-lislamophobie-de-ses-origines-et-de-ses-consequences-reflexion-sur-une-erreur-de-methodologie-et-un-sophisme-de-caroline-fourest/ )

    Alors, pour compléter votre information, quelques études historiques ou sociologiques déjà mentionnées, quelques positions officielles, entre autres d’organismes négligeables comme l’ONU, l’OHCHR, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, etc.
    https://orientxxi.info/magazine/islamophobie-un-mot-un-mal-plus-que-centenaires,1155
    https://www.ohchr.org/fr/2021/03/special-rapporteur-freedom-religion-or-belief-human-rights-council-islamophobia-result
    https://docplayer.fr/15869941-Etude-2003-intolerance-et-violences-a-l-egard-de-l-islam-dans-la-societe-francaise.html
    https://book.coe.int/fr/jeunesse-autres-publications/3348-l-islamophobie-et-ses-consequences-pour-les-jeunes.html
    https://pace.coe.int/fr/news/8810/une-commission-de-l-apce-demande-des-mesures-pour-contrer-le-niveau-spectaculaire-d-islamophobie-en-europe
    https://www.humanrights.ch/fr/pfi/droits-humains/religion/dossier/lislam-en-europe/islamophobie/
    https://www.saphirnews.com/L-islamophobie-un-phenomene-repandu-dans-le-marche-du-travail-francais_a21385.html
    https://www.20minutes.fr/monde/3253503-20220316-onu-15-mars-desormais-journee-lutte-contre-islamophobie
    https://orientxxi.info/index.php?page=recherche&id_rubrique=&lang=fr&recherche=islamophobie&sa.x=6&sa.y=11
    etc. etc. etc.

    Et pour mémoire (extraits de l’article « Islamophobie » de Wikipedia) :
    • Le 1er juillet 2009, dans la ville de Dresde, Marwa El-Sherbini, alors enceinte, est assassinée par un terroriste islamophobe en plein procès à la suite d’attaques islamophobes, sous les yeux de son mari et de son fils de trois ans. Le crime est qualifié de « clairement raciste et islamophobe ».
    • Dans la nuit du 18 au 19 juin 2017, la mosquée de Finsbury Park à Londres est la cible d’un attentat terroriste islamophobe. Un terroriste fonce avec une voiture-bélier sur les civils musulmans en plein mois de Ramadan alors qu’ils sortaient du lieu de culte, tuant une personne et en blessant dix. L’assassin était « devenu obsédé par les musulmans » et « a prévu et conduit cette attaque en raison de sa haine des musulmans », d’après la sentence du tribunal qui le condamne à l’emprisonnement à perpétuité pour cette attaque terroriste islamophobe.
    • Le 15 mars 2019, dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, un terroriste ouvre le feu sur des civils dans deux mosquées. Fusillant toutes les personnes dans les lieux de culte, le terroriste fait 51 morts — âgés de 3 à 78 ans — et 49 blessés. Le procès révèlera l’adhésion de l’auteur de l’attentat à de multiples thèses islamophobes qu’il développe dans un long manifeste haineux. Cet attentat terroriste amène plusieurs pays à combattre la propagation de l’islamophobie. À la suite de la tuerie, les violences islamophobes augmentent significativement, notamment à Londres où le nombre d’attaques islamophobes enregistré par la police double en un mois.
    • Le 28 octobre 2019, une mosquée de la ville de Bayonne et victime d’un attentat terroriste dont l’auteur est reconnu pour son islamophobie. Cette attaque mène à une multiplication des actes islamophobes en France les jours suivants.
    • Le 20 mai 2020, une mosquée à Cholet est la cible de menaces de morts islamophobes taguées.
    • Le 2 septembre 2020, la mosquée de Tarbes est la cible de tags islamophobes.
    • Le 21 octobre 2020, une mosquée de Bordeaux a des vitres brisées et est recouverte de tags islamophobes. À la suite de cet acte islamophobe, Gérald Darmanin demande au préfet de renforcer la protection de ce lieu de culte.
    • Le 11 avril 2021, le centre culturel Avicenne à Rennes est peinte de tags islamophobes. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonce sa venue sur les lieux, tandis que plusieurs responsables condamnent ces actes haineux et expriment leur solidarité avec les musulmans.
    Etc. etc. etc.

    Et comme dit l’un de mes amis juifs : « Quand quelqu’un dit que l’antisémitisme n’existe pas, tu peux être sûr qu’il est antisémite ».
    Il en va de même, hélas, de l’islamophobie.
    Car ce qui amène à nier une évidence ne peut être que la peur de l’évidence.
    Et pour compléter Rushdie : « Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». CQFD.

  7. Parler de « pirouette » à qui vous rappelle le sort de S.R. (victime de la perte d’un oeil et d’une main après l’attentat islamiste subi) m’étonne de votre part. Mais bon, à chacun d’éclairer sa route avec ses moyens ou ses « lumières ».

    Sur islam, islamisme, et l’urgence à les distinguer, pour éviter que soient confondus musulmans et islamistes, vous vous condamnez aussi à un incompréhensible amalgame.

    Cela a d’ailleurs, semble-t-il, fini par entraîner des gens (moins subtils que vous) à confondre (comme vous) les deux et à s’en prendre à tout ce qui de près ou de loin leur semblera un symbole, une approbation ou un affichage du prosélytisme ‘islamique’ (qu’on ne voudra même plus distinguer d »islamiste’, ce que d’ailleurs semble-t-il l’anglais ni l’arabe, surtout celui des islamistes, ne permet guère ; confusion que font hélas aussi trop de nos compatriotes dotés pourtant d’un lexique qui le leur permettrait et qui finiront islamophobes – le mot des islamistes- à défaut d’avoir été autorisés à se dire ‘islamistophobes’, le mot précis que nos médias et nos ‘bien-pensants’ nous ont refusé, il y a des années).

    Vous étonnerez-vous que des gens aient fini par refuser de parler allemand (et de ne plus vouloir en entendre parler), après que celui-ci eut été assimilé à la langue des nazis ?

    A ne pas vouloir ou ne pas savoir opposer la plus vigoureuse résistance à l’islamisme (et à son invasif prosélytisme) vous le laisserez finir par s’imposer à nos compatriotes dits musulmans et faire de l’islam lui-même un épouvantail ou une phobie.
    Ainsi vous finirez par avoir raison d’avoir eu tort.

  8. Désolé, mais je crois bien que nous atteignons les limites d’une discussion sensée, car il faut un minimum de bonne foi pour qu’une discussion ait du sens.

    Vous vous permettez de me donner des leçons en ce qui concerne la distinction islam/islamisme puisque je me condamnerais aussi à un incompréhensible amalgame et à ne pas savoir opposer la plus vigoureuse résistance à l’islamisme.
    Je n’accepte pas ce mensonge. Relisez tous les posts où je traite du sujet, et vous constaterez que c’est faux. Vous le savez bien mais refusez obstinément de le reconnaître.

    Car en fait, ce que vous me reprochez, c’est de ne pas céder à l’islamophobie qui est manifestement la vôtre, à la suite de Charlie et autres professions de foi du même tonneau, qui semblent apparemment constituer l’essentiel de votre connaissance de l’islam. Islamophobie que vous vous refusez à reconnaître, puisque le terme même serait une invention des islamistes, et qui est pourtant pour vous la plus vigoureuse résistance à l’islamisme. Or cette négation de l’islamophobie, qui légitime tous les excès, est une supercherie maintes fois démentie de façon documentée, mais nécessaire au genre d’idéologie que vous partagez avec des courants qu’il est inutile de nommer.
    Rappelons que le terme est validé du fait de son évidence factuelle par une majorité d’institutions nationales et internationales qui font autorité, comme je le montre dans ma réponse précédente.

    Or, sans pour autant minimiser les crimes des islamistes, nier le fait que des centaines de milliers ou des millions de musulmans font actuellement l’objet de haine, d’islamophobie donc, du fait de leur religion en Inde, en Birmanie, en Chine ; qu’en Europe, au Canada, aux États Unis, en Nouvelle Zélande, etc. d’autres sont victimes quotidiennement de discrimination, de violence, d’agressions ou de meurtres comme je le rappelle plus haut relève simplement d’un aveuglement idéologique évident, qu’on ne peut qualifier que de négationnisme et de révisionnisme.

    Raison pour laquelle, en dépit du respect que je lui dois du fait de son courage face aux islamistes, la phrase de Rushdie que vous citez, qui assimile une fois de plus abusivement l’islam à l’islamisme, est gravement insuffisante pour qualifier une situation dont la complexité ne peut s’accommoder de ce genre de réductions.

    Étant données les opinions que vous avez largement exprimées dans vos diverses interventions, qui sont désormais suffisamment claires et que je me refuse absolument à partager, je ne vois pas pour ma part la nécessité de continuer cette discussion.

    La condamnation indispensable de l’islamisme et la critique nécessaire et raisonnée de certains aspects de l’islam n’ont rien à faire avec l’apologie d’une islamophobie grossière qui, en attisant les tensions, ne peut que faire le jeu à la fois des islamistes et des politiciens qui en tirent profit.

    Avec tout mon respect.

  9. Soit. Nous nous serions donc dit tout ce que nous n’arriverions pas à nous faire entendre. Et en resterons donc là(s).

    Mais vu le temps et l’énergie consacrés à ces échanges que chacun prétend avoir faits de bonne foi, vous pourriez peut-être en proposer la lecture à un ou des tiers afin que, de l’extérieur, des jugements plus tempérés ou moins impliqués puissent être proposés sur cette question qui, pour moi, est une des tragédies de notre temps : situation dans laquelle, au nom de droits, valeurs ou vérités supérieures, ne peuvent que se torturer des victimes.

  10. Puisque je vous écris d’Alsace (région dans laquelle, en tant que militant du MRAP, j’ai passé des années à combattre les thèses et, hélas, le succès du FN), je me permets, sur le sujet qui nous épuise, de vous mettre un lien vers l’analyse d’un tiers (Philippe Bretton, un prof de fac en sociologie et cofondateur d’un Observateur de la vie politique en Alsace, qui en tant que citoyen engagé était intervenu plus d’une fois comme conférencier de nos réunions publiques MRAP).

    https://www.ovipal.com/blog/racisme-et-islamophobie-tout-confondre-ne-resout-rien

  11. Bonsoir.

    Bien sûr, l’apport de « tiers » serait intéressant sur ce sujet. Mais il se trouve que les tiers que je connais sont, soit en accord avec mon point de vue, soit plutôt de votre avis, du fait d’une même incompréhension de la spécificité de l’islamophobie. Cela ne nous ferait donc pas avancer beaucoup, puisque les mêmes arguments se retrouveraient.

    Je reviens sur le texte de Philippe Breton que vous me proposez.
    Je pense que, sans doute de bonne foi, il est victime lui aussi d’une confusion idéologiquement entretenue lorsqu’il établit une distinction radicale entre racisme, antisémitisme et islamophobie, ce qui lui permet de disqualifier la pertinence de la notion d’islamophobie, pourtant reconnue, encore une fois, par nombre d’institution nationales et internationales de référence.

    En fait, les choses sont plus complexes que le dit M. Breton, car il continue à entretenir une compréhension raciale de l’antisémitisme, qui n’a plus lieu d’être, ou bien est devenue très marginale.

    Or, si on dépasse cette compréhension raciale, antisémitisme et islamophobie se révèlent en fait relever d’un même type de haine, de « phobie », et à ce titre, devraient donc relever d’un même type de dénonciation et de sanctions.

    Au point que Pierre André Taguieff, comme dit ci-dessous, « préfère le terme de judéophobie », équivalent d’islamophobie, opinion que je partage sans problème.

    Je reprends tout simplement des extraits de l’article de Wikipédia concernant l’antisémitisme, car ils me paraissent bien cerner le problème :

    « Après avoir traduit l’hostilité basée sur la religion puis sur la « théorie des races », le terme « antisémitisme » désigne toute manifestation de haine, d’hostilité ou la discrimination à l’égard des Juifs ou non-Juifs sympathisants.
    (…)
    Ces discussions n’empêchent nullement que le terme « antisémitisme » a été forgé pour désigner l’hostilité revendiquée contre les Juifs et leur culture, nullement contre d’autres locuteurs de langues sémitiques, et qu’il est toujours employé dans ce sens. C’est ainsi qu’on parle d’« antisémitisme arabe » pour désigner l’hostilité des Arabes envers les Juifs.
    (…)
    Le philosophe et politologue Pierre-André Taguieff préfère le terme de « judéophobie » pour désigner l’ensemble des formes anti-juives dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale et le distinguer de l’antisémitisme lié aux thèses racialistes.
    (…)
    Le 1er juin 2017, le Parlement européen adopte une définition de l’antisémitisme, accompagnée d’exemples, qu’il demande à tous les États membres de l’Union européenne de partager :
    « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. »

    Et je me permets de paraphraser :

    Après avoir traduit l’hostilité basée sur la religion puis sur la « théorie des races », le terme « islamophobie » désigne toute manifestation de haine, d’hostilité ou la discrimination à l’égard des musulmans ou non-musulmans sympathisants.

    Ces discussions n’empêchent nullement que le terme « islamophobie » a été forgé pour désigner l’hostilité revendiquée contre les musulmans et leur culture (…) et qu’il est toujours employé dans ce sens.

    Tout comme on peut employer le terme de « judéophobie » pour désigner l’ensemble des formes anti-juives dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale et le distinguer de l’antisémitisme lié aux thèses racialistes, on peut employer le terme « islamophobie » dans le même sens.

    La définition adoptée par le Parlement Européen à propos de l’antisémitisme pourrait donc s’appliquer mot pour mot à propos de l’islamophobie : « L’islamophobie est une certaine perception des musulmans qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’islamophobie visent des individus musulmans ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. »

    Ce à quoi, cf. ma réponse ci-dessus, on assiste quotidiennement dans les écrits, les dessins, comme dans les faits.

    La problématique est donc strictement identique, et il n’y a aucune raison, si ce n’est idéologique, de distinguer le délit ou le crime d’antisémitisme (ou de judéophobie, si l’on veut) du délit ou du crime d’islamophobie. Aucune raison de ne pas sanctionner de la même façon la représentation insultante d’un rabbin qui baiserait une tête de cochon ou sodomiserait une chèvre et celle d’un musulman qui ferait de même.

    Et c’est bien ce que, fort heureusement, au-delà de finasseries sémantiques douteuses, demandent les institutions nationales et internationales que j’ai mentionnées ci-dessus.

    Mais on est hélas obligé de constater qu’en dépit de telles résolutions, le poids de l’habitus qui refuse de reconnaître l’islamophobie, aussi bien dans les termes que dans les faits, pourtant évidents (encore une fois en Inde en Chine, en Russie, en Nouvelle Zélande, au Canada, aux États unis, partout en Europe et donc aussi en France) au même titre qu’une judéophobie ou une homophobie qui sévit dans les mêmes lieux, continue de faire peser sur nombre de musulmans une discrimination illégitime dont on attend trop souvent la sanction dans le cadre d’un État de Droit.

  12. Si j’ai souhaité échanger avec vous, sur ce débat qui nous épuise, c’est parce qu’il nous est déjà, parfois, arrivé de savoir échanger de façon intelligente (celle qui crée et propose des liens).

    Sur la reconnaissance internationale de la (polémique) notion d’islamophobie, un article Wikipédia permet déjà une approche : https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamophobie

    Je m’étonne néanmoins de voir mettre sur le même plan ‘islamophobie’ et ‘judéophobie’,
    (un terme qui est aussi accepté par la même encyclopédie, avec un développement beaucoup plus modeste, on le constatera) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jud%C3%A9ophobie

    Visiblement, l’un est né en réponse sinon en réplique à l’autre.

    Mais peut-on ignorer dans quel contexte contemporain (révolution islamique iranienne, concurrence de prosélytisme entre sunnites et chiites, terrorisme islamiste avec la résistance idéologique ou la prévention antiterroriste que cela doit susciter) et non colonial du siècle dernier a été popularisé le premier ? Peut-on le confondre avec le contexte dans lequel le second a été proposé en remplacement d’antisémitisme ? N’a-t-on pas voulu l’employer en symétrie polémique pour expliquer qu’il n’était ni plus ni moins (il)légitime d’être ‘judéophobe’ (à cause de la politique israélienne, dont tous les juifs du monde seraient complices) que d’autres estimaient (il)légitime d’êtres ‘islamophobes’ (à cause du prosélytisme ou du -terrorisme islamiste) ?

    Le judaïsme (comme idéologie religieuse) aurait-il, sous nos latitudes, fait preuve du même prosélytisme ou recouru au même terrorisme susceptible d’expliquer sinon de justifer méfiance voire hostilité à l’égard de son esprit de conquête (ailleurs qu’en Palestine, faut-il le préciser, ou dans les thèses complotistes du Juif pieuvre mondiale et autres ‘protocoles’ antisémites toujours très lus dans le monde arabe) ?

    Nos contemporains juifs (ceux qui ne sont pas des “Français innocents”, comme l’a naguère, après un attentat antisémite, ‘lapsusé’ un 1er Ministre), victimes du terrorisme islamiste ou assassinés par des ‘malades mentaux’ de culture musulmane ont-ils été victimes ou non d’une “compréhension raciale de l’antisémitisme, qui n’a plus lieu d’être, ou bien est devenue très marginale” ?

    Même si on a juridiquement le droit de confondre ‘judéophobie’ et ‘islamophobie’ (comme l’a fait avant vous un E. Plenel dans son très polémique “Pour les musulmans”), je crois que, par quelque melvillien « I prefere not to », on devrait se l’interdire.

  13. Bonjour.

    Je perçois dans vos commentaires une confusion que je ne peux qualifier que de dommageable.

    Lorsque vous dites, pour commencer :
    Je m’étonne néanmoins de voir mettre sur le même plan ‘islamophobie’ et ‘judéophobie.
    (…) Visiblement, l’un est né en réponse sinon en réplique à l’autre.

    Ce n’es justement pas si « visible » que cela. Comme je l’ai rappelé bien des fois, l’islamophobie, la haine du musulman en tant que musulman, a une histoire parfaitement documentée qui dépasse de plus d’un siècle son emploi dans ce que vous nommez « le contexte contemporain ».

    Sans doute, en effet, la problématique contemporaine l’a-t-elle fait revenir au premier plan, mais il faut, une fois de plus, préciser :

    1) Les nationalistes et colonialistes israéliens passent leur temps à accuser d’antisémitisme ou de judéophobie toute personne – y compris juive – qui critique leur politique nationaliste et colonialiste.
    Est-ce pour autant qu’il faut dire que l’antisémitisme et la judéophobie sont des termes inventés par de tels nationalistes dans leur stratégie de victimisation ?
    L’antisémitisme est un fait, constaté et parfaitement documenté au niveau des actes, des textes, des dessins et des caricatures, etc. en dépit des manipulations idéologiques de ceux qui voudraient nous faire croire qu’il s’agit d’une invention des nationalistes et colonialistes israéliens.

    2) Les islamistes passent leur temps à accuser d’islamophobie toute personne – y compris musulmane – qui critique l’islamisme.
    Est-ce pour autant qu’il faut dire que l’islamophobie est un terme inventé par de tels islamistes dans leur stratégie de victimisation ?
    L’islamophobie est un fait, constaté et parfaitement documenté au niveau des actes, des textes, des dessins et des caricatures, etc. en dépit des manipulations idéologiques de ceux qui voudraient nous faire croire qu’il s’agit d’une invention des islamistes.

    3) Je réitère donc ma proposition :

    La définition adoptée par le Parlement Européen à propos de l’antisémitisme
    « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. »

    pourrait donc s’appliquer mot pour mot à propos de l’islamophobie :
    « L’islamophobie est une certaine perception des musulmans qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’islamophobie visent des individus musulmans ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. »

    4) Cela me fait considérer comme relevant d’une idéologie fort douteuse, et de toute manière juridiquement invalide et inacceptable votre allusion au fait que, si les juifs ont été « sous nos latitudes » à l’évidence moins prosélytes et moins terroristes que des islamistes qui doivent absolument être condamnés pour leurs actes, cela devrait justifier et autoriser une discrimination à l’égard de tous les musulmans, discrimination encore une fois désignée sous le vocable d’islamophobie, désormais fort heureusement accepté par les instances nationales et internationales mentionnées plus haut. Discrimination constatée et parfaitement documentée, une fois de plus, au niveau des actes, des textes, des dessins des caricatures, etc.

    C’est bien ce point là qui nous oppose, et sur lequel je n’ai aucunement l’intention de revenir, n’en déplaise à votre rhétorique qui entretient une confusion pernicieuse.

    Avec mes meilleures salutations.

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